GRAZIE RAGAZZI - R. Milani

 

GRAZIE ANTONIO E RICCARDO !

Grazie ragazzi affiche

Sur "Cineuropa", la bande annonce et aussi...


L’art permet de se découvrir, de se connaître et de se révéler en profondeur. Il a donc une fonction éducatrice mais aussi thérapeutique. Il aide à guérir de ses tourments… C’est bien le message du film “Grazie ragazzi”1, qui gagne la première place lors de ces 38èmes journées du cinéma italien de Nice Magnan (du 16 au 30 mars 2024, films en vostf, production(s) hors compétition à part). Un classement qui nous rend heureux, même si nous aurions volontiers attribué une première place exæquo avec “Io, capitano”2, qui relevait d’un registre beaucoup plus dramatique (mais pourquoi pas associer les deux pour plusieurs raisons, au niveau talent, utilité et réception du public ?).

1. “Grazie ragazzi” a été (très bien) traduit par “Merci les gars”. Une comédie (en réalité une tragicomédie avec de forts accents de comédie) de Riccardo Milani, avec Antonio Albanese, Sonia Bergamasco, Vinicio Marchioni et Fabrizio Bentivoglio.

2. Nous avons pu apprécier “Moi, capitaine”, ce chef d’œuvre de Matteo Garrone, avant la bella rassegna de l'espace Magnan… L’épopée moderne et les périples des migrants avait été racontés, bien que d’une manière assez différente par Gianni Amelio, invité d’honneur d’une autre édition du Festival (et que nous avions eu la chance de rencontrer lors de nos aventures radiophoniques… Che nostalgia!). Lien italien sur "Lamerica" : à vos (web?)dictionnires ! Curieux de mieux connaître ce festival faisant grand honneur au Belpaese et à son cinéma ? (deuxième lien, historique, de présentation et listing de ses grands invités…).

De manière tout à fait personnelle et spontanée, nous dirions que le rôle du protagoniste, à la fois cohérent et présentant des facettes différentes, colle parfaitement à la peau du amatissimo, du très aimé Antonio Albanese, à connaître absolument. Et dont la “spécialité” des débuts (et qui persiste) est celle des imitations, et quelles imatations/personnages inventés et plus vrais que nature ! Un homme à tout faire qui vous arrache sans peine un sourire, et des plus intelligents.

Nous avons souligné d’emblée le message du film, fondamental. Ajoutons le jeu tout aussi remarquable de grands acteurs comme Fabrizio Bentivoglio et Sonia Bergamasco. Ajoutez encore un scénario des plus sérieux et des plus émouvants à la fois, de Michele Astori et Riccardo Milani, et vous aurez compris que, en ces temps qui s’assombrissent toujours davantage – car nous sommes tous prisonniers de quelque chose, et parfois de nous-mêmes ! - ce type de film mérite d’être au sommet. Prise de conscience, espoir, la juste dose d’ironie sont comme des matières précieuses. Des clés pour se rappeler que le dialogue, l’étude (l’application), l’espoir et une bonne dose d’ironie, sans parler de l’art sous toutes ses formes, peuvent beaucoup face aux doutes et à la peur. Donc… grazie Antonio (e grazie Riccardo!), due così buoni e bravi ragazzi… !

Very very important news : à Nice, au centre culturel et sportif Magnan, dans la belle salle Jean Vigo, "Culture & Santé" était présente aussi pour "Mio fratello è figlio unico" (impressionnant le très talentueux Elio Germano dans un vrai rôle de composition... tout aussi impressionnant Luca Zingaretti (cf. Montalbano) dans la peau de...) ; pour "Romantiche" de Pilar Fogliati (14,5/20 pour nous (!), et selon la fiche de vote caractéristique de Magnan, l'équivalent de "Mi piace molto", juste après "Stupendo" ; pour "Nata per te", un film essentiel et plein délcatesse de Fabio Mollo ; pour "Léo", l'excellent film d'animation sur le génie de Léonard De Vinci. Quelle savante tendresse, quelles belles voix célèbres, et quel brillant esprit pédagogique, renforcé par une jolie fiche de jeux instructifs pour nos bambins, associée au film ! Et quelle belle exposition sur toutes les coulisses du tournage (stop motion, création de l'univers graphique...) ! 
Et, comme rien n'est parfait, selon le renard de notre "Petit Prince", nous n'avons pas pu voir la totalité des films ! Mais nous retenons bien surtout ce titre, du remarquable show man et présentateur Claudio Bisio : "L'ultima volta che siamo stati bambini".

Mais nous nous sommes bien occupés, avant Magnan, non seulement de "Io, capitano", "Moi, capitaine" de Matteo Garrone ("FR. et "IT."), mais aussi du film de Nanni Moretti, également au programme, bien sûr ("Il sol dell'avvenire" ou "Vers un avenir radieux" (ici aussi, lecture disponible en "FR." et "IT."/traduction manuelle) et qui mérite aussi largement le podium...

Another very important thing, importantissimo...: en parallèle, une autre manifestation annuelle, concernant plusieurs départements : "Au cinéma pour les droits humains", une très belle initiative et conquête qui en est à sa onzième édition en 2024, et qui reste un prolongement, aussi logique que touchant, du travail constant, connu et reconnu dans le monde, d'Amnesty International. 
L'Italie (aussi) était à l'honneur pour le film présenté dans ce cadre à la bibliothèque Louis Nucéra de Nice Garibaldi... Il s'agissait de "Apnea", documentaire de Stefano Poggioni, Claudia Cataldi et Elena Poggioni : les voix de quatorze migrants quittant leur maison, traversant la Lybie et arrivant en Italie après avoir traversé la Méditerranée se mêlent en une seule histoire, représentant des milliers d'autres histoires englouties sous la mer...
Ce "Festival pas comme les autres" s'invite également - et naturellement - dans le plus ancien cinéma d'art et d'essai de Nice, le cinéma Belmondo. C'est là, débat post-film à la clé, que nous avons pu voir et surtout beaucoup apprécier et commenter un peu "La vie devant elle", de Manon Loizeau (journal intime de l'exil d'une jeune Afghane de quatorze ans qui a décidé de documenter son histoire), et "The old oak" de Ken Loach (un petit tour dans nos "Carnets" ?). Nous avons remarqué des parallèles poignants avec son autre film, palme d'or à Cannes, "Moi, Daniel Blake", dont nous nous étions occupés, avec grand plaisir. Rappelons enfin que "Amnesty" version cinéma œuvre aussi dans les établissements scolaires, pour que les thèmes, les problématiques (en réalité les drames et barbaries du monde) puissent répondre à des dynamiques (jamais à des "logiques") les plus claires possibles à destination de nos jeunes, dont on écoute les réactions et dont on encourage du mieux possible sensibilité, indignation et ensuite action. Pour un autre monde... Car, même si poésie il y a dans ces œuvres (la forme sert heureusement le contenu), jamais il ne s'agit de contes imaginaires, mais de bien tristes, scandaleuses vérités ou faits accablants qui émergent de manière convaincue et pointue, avec art, via des films aussi complets qu'accomplis, dont il faut se nourrir, de manière adaptée et efficace.