"Vers un avenir radieux" - N. Moretti 

 

SOLEIL ET AVENIR


Pour nos lecteurs italiens, traduction italienne non automatique, disponible dans notre volet "IT".

 

M buy e n morettiUne vraie complicité entre Margherita Buy et Nanni Moretti

 

Avis aux lecteurs... : l'on peut très bien "se contenter" de cette excellente synthèse légèrement commentée de Télérama, bande-annonce à l'appui, ou bien nous faire le grand plaisir de lire cette modeste et attentive analyse "Culture & Santé", avant ou après avoir vu le film, naturellement. Grazie (!).  

Avant d'en venir réellement au sujet, un petit souvenir, à la première personne (du pluriel...) si vous permettez (!) : pendant nos années lycée, une  ex professeure d'histoire géographie, pour laquelle nous avions beaucoup d'estime,  nous avait demandé de bien vouloir lui fournir quelques clés pour mieux comprendre cet étrange réalisateur-scénariste (ici co-scénariste) et acteur tant aimé des italiens. Ce touche-à-tout, ce protagoniste, ce Nanni Moretti qui "tournait" (dans tous les sens) en Vespa pendant une longue séquence urbaine. En hommage à Rome sans doute, à la ville ancienne comme aux élégants palazzi ou immeubles modernes. Nous étions encore un peu jeunes, même si l'essentiel d'un des films les plus connus de Nanni Moretti avait peut-être été saisi (nous avions bien tenté une réponse-explication). En parallèle, et dans un contraste qui fait sourire, nous avions capté aussi le caractère presque impénétrable de ce long métrage très "italo-italien". Autrement dit, une certaine connaissance du contexte du Beau Pays semblait en effet nécessaire pour que ce type de film puisse être pleinement compris et apprécié. Ce qui, attention, n'a pas empêché "Caro Diario" ou "Journal intime" (bien deviné !) de remporter à Cannes, en 1994, le Prix de la Mise en Scène.

Nanni Moretti a toujours été plus ou moins difficile (ou assez facile, pour un connaisseur !) à décrypter car, sans jamais se priver de métaphores, d'allusions ni de sous-entendus très actuels, il pose un regard aigu sur spécificités, déboires ou atouts nourissant la société et la culture italiennes. Or, il nous semble que ce dernier film soit plus accessible et aussi plus agréable également pour un public "étranger", le public français plus ou moins cinéphile demeurant toujours, au passage, un public cousin ; un public qui sait se nourrir d'italianité de par son ouverture (ceci concerne encore une bonne partie des français, on l'espère !). Par ailleurs, le coup de génie de la trottinette - qui remplace donc la chère Vespa - devrait pouvoir déclencher la curiosité de tous les publics :)

Que dire à présent sinon que l'on assiste à un jeu toujours juste même lorsqu'il est un brin surréaliste ou sopra le righe ? Et qu'en substance les dialogues sont un cadeau à l'intelligence des spectateurs ?
Ajoutons que l'on découvre sans surprise un film très "morettien", très reconnaissable stylistiquement, très habilement ponctué de chansons, entonnées en voiture (très classique), bien sûr, comme à d'autres moments, souvent intimes ou familiaux. Et il s'agit, bien sûr, de quelques-unes parmi les plus remarquables chansons italiennes. D'autre part, un ballon de foot ne manque pas non plus au scénario, pour mieux marquer quelques brefs moments d'insouciance.

Il s'agit là d'un Nanni Moretti qu'on avait un peu perdu lorsqu'en 2008 il était "simple" acteur protagoniste (et non metteur en scène) dans "Caos calmo" d'Antonello Grimaldi. Au passage, au contraire, et toujours à propos de Moretti simplement acteur, signalons le bon souvenir laissé par "Le porteur de serviettes", drame de Daniele Luchetti (1991). 

Moretti : un vrai self made man du cinéma qu'on aime ici également pour ses nombreuses citations cinéphiles (très instructives et à la Woody Allen) dont une qui ne s'entend pas, mais qui se voit bien, avec d'excellentes prises mettant à l'honneur toute l'imposante beauté des animaux sauvages. Quel travail aussi à ce niveau ! Et ici l'hommage réussi est à Federico Fellini, par l'audacieuse idée du cirque avec toute son atmosphère résumée par chapiteau bleu ciel et très étoilé, se détachant derrière les protagonistes. Une image qui nous ramène un peu à notre enfance (même si... le discours sur le cirque est un discours à part !).

Il s'agit d'un cinéaste de premier plan qui, finalement, a besoin ici aussi (et comme... tout un chacun ?!) d'un peu de saine psychanalyse, autant que son épouse, qui se croyait seule en position de devoir avouer cette pratique régulière. Par ailleurs, Nanni Moretti-Giovanni reste malgré tout très sûr de lui, et de ses principes (des principes !) surtout, car à un moment donné notre cher metteur en scène échafaude une séquence mi-grotesque mi (très) sérieuse pour affronter le thème de la violence la plus brutale et gratuite au cinéma (et sans doute au delà). Une violence bête et simple, simple et facile, qui effectivement a largement envahi et amplement pourri nos écrans...

 

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