Et maintenant, une info XXL soit... petit retour sur "La festa della repubblica italiana" suivie en direct sur Rai Uno "il y a deux jours", par rapport au moment où nous publions... Nous vous proposons de cliquer sur notre volet italien correspondant, où vous trouverez un peu de français aussi pour mieux vous éclairer... et, surtout, pour revivre ensemble, en images et audios, cette prestigieuse cérémonie, naturellement présidée par il capo dello Stato Sergio Mattarella et commémorant la mise en place de la Constitution (et quelle Constitution !), après vingt ans de dictature fasciste...

Mais... juste avant, nous proposons ci-après notre traduction de quelques passages d'un bel article sur le sujet, aux accents didactiques. Article rédigé pour le site "Altritaliani" par le journaliste Alberto Toscano (et dont voici le lien), qui rappelle tout le sens historique d'une commémoration qui rassemble, sous un même drapeau et surtout sous les mêmes valeurs.

À noter : les italiens fêtent à la fois le 2 juin et le 25 avril (cette dernière date, marquant précisément la fin du fascisme, est considérée par certains politiques, plutôt de droite, comme un inutile doublon : pour eux, le 2 juin, qui reste malgré tout très "constitutionnel", suffit largement...).

 

***

 

2 juin : la Fête de la République italienne, un exemple de réconciliation

 

L'histoire nous donne vraiment de grandes leçons. À l'occasion de l'anniversaire de la République, notre fête nationale qui réunit tous les italiens à l'extérieur et au sein de nos frontières, retraçons avec Alberto Toscani ce qu'a représenté le 2 juin 1946 pour l'Italie qui devenait républicaine, qui octryait enfin aux femmes le droit de vote, sans oublier le miracle de la constitution qui s'est révélée un vrai compromis et un trait d'union entre les différentes forces politiques. On tient là un exemple de réconciliation valable plus que jamais aujourd'hui, à un moment où la politique semble éternellement déchirée sur tout. Pourtant, par rapport aux intérêts particuliers, la recherche du bien commun devrait toujours prévaloir.

 

« Une démocratie efficace a besoin de trois choses : la libre expression des citoyens, l'alternance au pouvoir et la capacité de se réunir dans des moments exceptionnels pour trouver un accord très ample au nom de principes fondamentaux et fondateurs.

1946 a été ceci en Italie : le moment magique où la volonté des citoyens a pu s'exprimer librement malgré une nette division au sein de l'opinion publique (dans le choix monarchie-république), et celui, encore plus magique où une assemblée constituante a travaillé pour donner vie à la Loi fondamentale, entrée en vigueur le 1er janvier 1948. Des tensions ont certes existé, parfois même très âpres, mais à la fin, au nom de l'antifascisme et de la reconquête de la liberté, c'est l'esprit de synthèse qui a prévalu.

[Alberto Toscano livre une anecdote politico-musicale... puis il illustre l'idée que, dans une Italie sans télé (apparue en '54) et dont l'information radio était trop figée, le vrai vecteur d'information et de débat était constitué par les journaux].

Les éléctions du 2 et du 3 juin 1946 ont été et restent un moment extraordinaire dans l'histoire des italiens. Les fortes divisions entre monarchiques et républicains, entre gauche et droite, entre ex résisatnts et ex fascistes, étaient bien là, et parfois de manière très nette, mais l'envie de recommencer dominait sur tout le reste. Et cette même envie de repartir à zéro était symbolisée par un événement qui paraît tout à fait normal aujourd'hui mais qui, à ce moment là, était un véritable changement de grande portée : le vote des femmes.


Vote femmes en italie


[Ici Alberto Toscano s'interroge ensuite sur l'emploi de l'adjectif "universel" de l'expression "suffrage universel" lorsque le vote n'était pourtant réservé qu'aux hommes (et ce, jusqu'à tard, en France comme en Italie, 1945 et 1946...). Qu'y-avait-il d'universel, en effet ??]

Dans l'Italie qui sort de la Résistance, dans l'Italie du 2 juin 1946, les droits de l'homme et de la femme ont été nouvellement rédigés à l'aune d'une extraordinaire volonté de changement et de justice. C'est de là qu'il faut toujours recommencer ».


Suite