NOS MÉDICAMENTS ET NOUS

 

Quel rapport entretenons-nous avec nos médicaments ? Agissons-nous toujours en connaissance de cause ? Quelles évolutions peut-on constater en raison de notre pandémie ? En nous appuyant sur le dossier spécial de "60 millions de consommateurs" (décembre 2020) sur le sujet, et en approfondissant certains points, "Culture & Santé" tente de répondre à ces interrogations, en brossant un tableau général, assez complet (on l'espère !) et parfois plus ciblé, comme indiqué. Dans l'espoir que vous puissiez y trouver quelques éléments utiles et accessibles, y compris en termes de mémorisation. En effet, ce ne sont pas les "infos santé" et les "infos médocs" qui, aujourd'hui, nous manquent (et qui, hélas, n'ont pu nous préserver d'aucun "Virus" - avec un grand "v" - ni d'aucune variante...).
Mais pour nos maux quotidiens plus ou moins grands (que l'on ne peut pas toujours relativiser à 100%, peut-être même face à la pandémie), un patient averti en vaut deux...

 


Medicaments image



Quel a été l’impact du Covid-19 sur nos médicaments, en termes de disponibilité et de consommation ?

Les changements ont été profonds d’après l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Au printemps 2020, on a assisté à une chute significative de délivrance d’antibiotiques et de vaccins  « courants » (par rapport aux vaccins Covid…), ainsi que, hélas, on le sait bien, à une baisse de l’instauration de traitements pour de nouveaux patients (diabète - recommandations de la Haute Autorité de Santé - hypercholestérolémie et hypertension).

Quelle consommation, au contraire, a bien augmenté ? En fin de confinement et juste après, on a constaté une nette augmentation d’hypnotiques et d’anxyolitiques, ainsi que, plus banalement (et aussi en tant que premier remède maison face à l’apparition d’éventuels premiers symptômes de fièvre) de paracétamol… au point que les autorités ont dû momentanément imposer des quotas de délivrance. Il s'est avéré néanmoins qu'effectivement, pour faire chuter les fortes fièvres initiales Covid, le Doliprane (et son paracétamol) reste une référence simple et à accessible (quotas et... variants à part). 


Paracetamol doliprane


Plus précisément : en début de pandémie, parmi les substances actives les plus vendues sur prescription figurait justement le paracétamol, un antalgique, avec 421 millions de boîtes (Doliprane, Dafalgan, Efferalgan…) ; mais aussi l’amoxycilline, un antibiotique ; la vitamine D avec 45, 2 millions de boîtes ; l’aspirine (acide acétylsalicylique), prescrit surtout comme fluidifiant sanguin, avec 42,5 millions de boîtes ; le macragol, un laxatif avec 26 millions de boîtes (Forlax, Movicol…) - ce qui en dit également beaucoup sur nos modes de vie, y compris en télétravail ; l’ibuprofène, avec 24, 3 millions de boîtes.

Si on considère les ventes de médicaments pour notre santé physique et mentale sont appelés à la rescousse les antalgiques, antibiotiques, anxyolitiques aussi bien que les antidépresseurs (lien particulièrement recommandé) encore fortement utilisés sur notre territoire. Et ce... depuis vingt ans.

Parallèlement, malgré une tendance à la baisse, on peut retenir que l'automédication serait prônée par huit français sur dix. Ce sont surtout les femmes qui en ressentent le besoin (à méditer). Ainsi, les autorités de santé sont de plus en plus prudentes quant aux médicaments en libre accès : depuis janvier dernier, les spécialités contenant du paracétamol, de l’aspirine (lien ++) ou de l’ibuprofène sont placées derrière le comptoir.

 

Médicaments : habitudes, efficacité, risques ("Nos médicaments et nous" p.2)

 

En conséquence,  on assiste à un intérêt de plus en plus grand pour ce que les consommateurs jugent moins dangereux, également du fait de son large choix en pharmacie, mais qui, légalement, ne relève pas de la classe du médicament. Leur chiffre d’affaire s’élève à deux milliards d’euros en France : nous faisons bien référence aux compléments alimentaires, dont les français savent paradoxalement (et s’en plaignent, cf sondage 2019 Opinionway) qu’ils ne sont pas suffisamment informés (composition, mode d’administration, et surtout effets à court et long terme).
 


Complements alimentaires dessin humour



Vous avez l’habitude de prendre un comprimé de magnésium de teneur moyenne tous les matins ? Il existe sûrement d’autres coutumes plus lourdes que les vôtres… toutefois, dans la mesure du possible, évitons les prises trop systématiques. Un bon jus d’orange, un fruit vitaminé ou quelques fruits secs en « complément naturel » restent une solution on ne peut plus saine et simple.
Soulignons à ce propos que l'Agence nationale de sécurité sanitaire rappelle qu’une alimentation équilibrée permet d’apporter l’essentiel des nutriments nécessaires pour couvrir les besoins et recommande d’éviter des prises prolongées, répétées ou multiples de compléments alimentaires sans s’entourer des conseils d’un professionnel de santé.

L’enjeu (pour utiliser un mot très contemporain) est bien celui de ne pas tomber dans l’iatrogénie, c’est à dire dans «  l’ensemble des effets indésirables lié à la prise de médicaments ou même à l'adoption de compléments alimentaires ».
Selon un autre versant, et à l'opposé d'une accoutumance quasi instinctive, la confiance des français face aux médicaments (et même, à leurs risques et périls – et à ceux de leur entourage - vis-à-vis de la vaccination anti Covid, dans un premier temps...) a baissé face aux graves crises sanitaires successives : Médiator, retiré du marché italien dès 1999, Dépakine, Lévothyrox

Dans le même temps (autre mise en lumière des contradictions !) ces consommateurs suspicieux ne cessent d'avoir peur de manquer. Raison de cette crainte, très probablement : les pénuries et tensions d’approvisionnement auxquelles on assiste de plus en plus depuis quelques années. Que se passe-t-il au juste ? Les firmes pharmaceutiques se désintéressent des médicaments les moins rentables, et sont rarement sanctionnées en cas de pénuries. En extrapôlant juste un peu, on peut bien sûr penser aussi à l'actuelle pénurie de vaccins Covid... qui nous indigne naturellement. Notre lien précédent indique que les firmes pharmaceutiques sont des lobbies très puissants. Il faut bien sûr connaître ce que cela implique en termes de (non) distribution, mais aussi savoir distinguer entre les vaccins en eux-mêmes, si imparfaits soient-ils mais somme toute efficaces et indispensables, selon nos principaux experts - et la logistique correspondante.

Revenons au souci de la pénurie, et regardons cela de plus près, pour les médicaments et pour les vaccins en général… En 2019, la ministre de la santé Agnès Buzyn déclare : « Plus d’un français sur quatre affirme avoir été en difficulté pour acheter un médicament courant ». L’Agence nationale de sécurité du médicament confirme : plus de 1200 traitements ou vaccins ont été concernés par des ruptures ou des tensions d’approvisionnement l’année dernière, soit près de 30 fois plus qu’en 2008. Un phénomène qui révèle toute la détresse du secteur (ou d’une partie significative de celui-ci), bien avant notre crise Covid… et donne à réfléchir (même si on ne le sait que trop bien) sur les carences de notre politique publique dans un secteur aussi crucial que celui de la santé... Ce qui ne signifie pas nier ce qui fonctionne ou reste à la hauteur de nos droits et espoirs, et qui ne demande qu'à être protégé du tout économique; pour le bien de tous, y compris de ceux qui, de premier abord, ne se sentent pas concérnés par notre commune vulnérabilité.

En rappelant que la transparence, y compris face aux variantes et aux futures éventuelles mises au point, a été officiellement de mise en ce qui concerne les principes des différents vaccins anti Covid (selon les temps de l'urgence, suivie de tests avant validation), voici, das notre paragraphe suivant,  ce qui peut se passer – certes, de manière non permanente - au niveau des médicaments... Et ce, à cause justement d’un « manque coupable de transparence de certains laboratoires », toujours aveuglés par le rendement maximum, dans une société où tout est produit, et où nous sommes avant tout des consommateurs soumis aux lois du marché (même l’expression "marché du travail" a largement et très rapidement pris le pas sur les termes et notions de travail ou d’emploi).

Philippe Even est coauteur, avec Bernard Debré, du "Guide des 400 médicaments utiles, inutiles, ou dangereux", publié en 2012 aux éditions "Le Cherche Midi". Pneumologue et ancien professeur de thérapeutique, il indique à cette période que, malheureusement, l’industriel n’a pas l’obligation de communiquer l’intégralité des résultats des essais cliniques, et même que certains résultats peuvent être tus.

Or, en 2011, les laboratoires Merck ont reconnu avoir caché illégalement des informations sur les effets mortels du Vioxx, un anti-inflammatoire prescrit contre l’arthrose et autorisé en France et aux États Unis. Retiré du marché, le Vioxx avait provoqué 160000 infarctus et accidents vasculaires cérébraux, entraînant la mort de 30000 personnes aux États Unis… tandis qu’aucune estimation n’a été publiée en France (!). Philippe Even poursuit : « Depuis l’affaire du Vioxx, la réglementation internationale s’est durcie, imposant la déclaration de l’ensemble des études autour d’un médicament, la publication des protocoles, ainsi qu’une comminication tous les six mois des résultats de l’Agence du médicament ». Tenez vous bien, car notre co-auteur poursuit : « Dans la réalité, rien de tout cela n’est respecté si tout ne se passe pas bien. Sous couvert du secret lié à la propriété industrielle, la moitié des études ne sont pas déclarées et aucune firme ne publie ses résultats tous les six mois. Ces données demeurent la propriété des industriels et ne sont toujours pas librement accessibles aux professionnels de santé ».

Médicaments : efficacité, risques (p.3)

 

Generiques image



Nos médicaments génériques et nous…

Dès leur apparition, les médicaments génériques ont suscité la méfiance. Mais sous le dénigrement il faut peut-être voir l’action des lobbies pharmaceutiques, défendant leurs rentables formules…

Les experts de la revue "Prescrire", présentée dans ces pages santé, confirment qu’il s’agit là d’un mal très français, car chez nos voisins, les génériques ne pâtissent pas d’un tel manque de confiance de la part des patients. Pour eux en effet, et comme indiqué en hypothèse,  nous sommes en présence de véritables campagnes de dénigrement des firmes pharmaceutiques, qui s’appliquent à faire barrage à la concurrence des génériques dès leur mise en vente. "Prescrire" en est convaincu : la cabale antigénérique conduit à une vraie perte de confiance vis-à-vis des soignants et des médicaments. Or, le choix d’un générique n’est pas synonyme de soins au rabais, et devrait même être remboursé par la Sécurité sociale… on peut souhaiter que les fonds générés par ces économies (non remboursement des génériques) soient utilisés pour renforcer la pharmacovigilance et la recherche, au bénéfice des patients.

En tout cas, cette question peut susciter des échanges assez vifs et pointus, parfois caractérisés par le bon sens : voir (aussi), si vous voulez en savoir plus, le dernier commentaire et celui de "Rooo" sur le "Nouvel Obs"... en cliquant sur l'image d'introduction de cette page.
 

À propos de pharmacovigilance…

Pour surveiller la survenue d’effets inndésirables, l’ANSM demande aux professionnels de santé de signaler au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent les éventuels effets secondaires ou avérés chez leurs patients. Cependant, il n’existe aucune sanction en cas de manquement à cette obligation. Aucune rémunération non plus n’est prévue. Bref, ni sanction, ni incitation. Ces deux aspects entraînent une lacune du système d’alerte. « Il y a une importante sous-notification des effets indésirables, qui peut être liée à la tâche supplémentaire demandée à des personnels déjà surchargés, avertit Bruno Toussaint. Des études ont montré que les signalements réalisés ne correspondaient parfois qu’à 10 %, 5 % voire 1 % des effets indésirables supportés réellement par les patients. Notre idée, possible en repartant d'une autre conception du travail pour tous : imaginer de nouvelles fugures professionnelles : les "lanceurs d'alerte santé", répertoriant et transmettant aux institutions compétentes les effets secondaires de chaque médicament (y compris lorsque leur notice ne devait pas suffire / devait être corrigée ou complétée)...

Une autre manière d’alerter : les patients et les associations de patients peuvent toujours faire des notifications en ligne sur le site signalement.social-sante.gouv.fr.

Pouquoi est-ce si important de réagir et d'agir à notre échelle, entre autres raisons ? Des publications post-Médiator ont montré que les industriels ne jouaient pas toujours le jeu. Ils se retranchaient volontiers dans des arguments selon lesquels ces effets secondaires n’étaient pas forcément dus à leur médicament, mais à d’autres pathologies du patient, ou encore à d’autres médicaments pris en parallèle. Pour le dire autrement, les entreprises gagnent souvent du temps. Pendant cette période, pouvant être très longue, leurs produits sont écoulés. Il faut savoir que, selon études, le délai médian de retrait d’un médicament en raison d’effets indésirables est de dix ans !!

Bruno Toussaint, enfin, continue d’alerter mais avec plus de précision, après avoir nuancé… « Il n’y a pas de grand complot de l’industrie pharmaceutique. La grande majorité des médicaments autorisés ont une certaine efficacité, et leurs dangers sont relativement proportionnés, pourvu qu’on respecte les doses. Le problème est surtout de savoir si tel médicament est la meilleure solution pour tel patient ». L’expert en appelle à la prudence : il s’agit pour le patient d’être attentif aux effets indésirables de son traitement et de demander régulièrement à son médecin de le réevaluer : celui-ci fera le tri en fonction de l’état de santé de la personne, de l’évolution des connaissances concernant le traitement de la pathologie ainsi que de l’éventuelle commercialisation d’un nouveau médicament plus efficace et moins dangereux.

Le problème n°2, selon nous, peut venir de la nature de notice. Souvent plus qu'exhaustive, même pour un médicament anodin ou courant elle peut recenser une quantité très importante d'effets secondaires potentiels... dont, parfois, des comportements ponctuellement mais sûrement déséquilbrés (maniaques) ou, au mieux, de "simples" hallucinations... Dans ces cas là, on n'a peut-être plus très envie de demander à notre médecin traitant de nous surveiller (après s'être surveillé soi-même). Mais plutôt de renoncer, si possible, au médicament en question, avec éventuelle alternative... Nous schématisons bien sûr, car la clé - comme rappelé par Bruno Toussaint - est dans le respect des doses. Mais en matière de santé toutes nos petites remarques peuvent devenir des pistes de réflexon utiles, pour un soin respectueux et sans complications excessives. Misons sur l'éducation /sensibilisation du patient plus que sur l'alarmisme ou sur la multiplication du nombre de médicaments prescrits pour une simple grippe, par exemple (enjeux et intérêts du secteur sont de taille, et nous les acceptons car nos "sociétés performantes" nous imposent de guérir très vite).
 

Nos médicaments : trop sucrés ou trop amers… 

À propos de "sucre pharmacologique", mais, aussi, encore une fois, des notices : au fond, parfois il faut aussi faire attention à ces dernières, et rester en deçà des limites préconisées. Certains médecins le savent et nous avertissent. Exemple : chaque dose de 15 ml du sirop homéopathique Stodal équivaut à deux morceux de sucre : si l’on suit la posologie maximale autorisée, on consomme dix sucres par jour !
Quant aux pastilles à sucer Strepsil et Drill, elles contiennent 2,5 g de sucre chacune… Sans le savoir (on ne regarde pas systématiquement la notice pour cela), nous en avions eu l'intuition.
Lorsque les sucres médicamenteux comme le saccharose, l’espartame, le glucose et le maltitol liquide (masquant le mauvais goût ou le goût trop amer des substances chimiques et de celles optimisant l’action des principes actifs) sont additionnés à ceux de l’alimentation, on dépasse vite la recommandation de l’OMS de 50 grammes de sucres par jour.
À propos de mauvais goût masqué, vous le savez : pour vous en apercevoir gardez un petit moment votre comprimé en bouche avant de l'avaler avec un grand verre d'eau. C'est peut-être un bon moyen de comprendre le "degré de chimie" qu'un médicament contient... et de décider - dans toute la mesure du possible et selon votre cas, avec l'accord de votre médecin ! - si vous avez toujours envie de le prendre ou plutôt de lui trouver un substitut (plus) naturel. Nous pensons en particulier aux carences en fer, de plus en plus nombreuses aujourd'hui chez les femmes surtout.


Medicament amer scene pinocchio

"Ed ora, ecco la medicina per guarire più in fretta", dit la Fée bleue à Pinocchio.
"È amara. Non la prendo", refusa notre pantin...
peu avant l'arrivée de trois austères lapins-médecins...
 

Nos médicaments (p.4)

Médicaments en ligne…

En France, seule la vente de médicaments délivrés sans ordonnance est possible en ligne. Et, ce, depuis 2013. Pour ouvrir ce qui se nomme une « officine virtuelle », il faut être pharmacien établi en France et titulaire d’une officine.
Cependant, dans les faits, la vigilance lors de l’achat se résume souvent à un questionnaire sur l’état du patient (âge, poids, taille, traitements en cours). Parfois, nous trouvons une proposition de tchat et, normalement, des recommandations dans le mail suivant l’achat. Selon l’association « Familles rurales », 46% des sites n’exigent toujours pas la confirmation que l’acheteur a lu la notice de l’ensemble des médicaments proposés. 
Et, concrètement, comment vérifier sans contact direct que le malade a bien compris bénéfices et risques du médicament qu'il achète ?
Naturellement, les soucis inhérents à l’achat en ligne ne s’arrêtent pas là… et "60 millions de consommateurs" les passe tous en revue. Sur "Culture & Santé", ce petit aperçu sur le sujet, que l'on pourrait résumer par "une démarche bien risquée", devrait pouvoir suffire ! À moins qu'en réalité vos commandes d'antidépresseurs vous réservent autre "chose" de plutôt efficace...


Chiots commandes en ligne 


Nos psychotropes et nous…

Voici un titre secondaire calqué sur notre titre principal car, même si cela étonne en apparence, les psychotropes sont désormais des médicaments familiers à bon nombre d’entre nous. N’ayons pas peur d’admettre que la France a longtemps été l’un des états d’Europe où la consommation de psychotropes était le plus élevée. En tant que site franco-italien, signalons que la situation en Italie à ce sujet (antidépresseurs), certes moins grave (présence plus solide des proches, y compris des plus aînés, au Sud surtout, cf carte de notre lien), n’est pas des plus heureuses non plus, la pandémie "aidant"... 

Pour revenir à l’Héxagone, si, depuis cinq ans, la prise de somnifères et d’anxyolitiques a fort heureusement diminué, il manque encore dans notre pays une volonté politique forte de réduire leur prescription (naturellement, nous ne faisons absolument pas référence ici aux personnes qui en ont réellement besoin ; nous reviendrons sur ce point en conclusion).

Regardons de plus près ces « appels à l’aide » pour plus de sérénité : pendant notre période de confinement, notre hygiène de vie s’est considérablement détériorée (exceptions à part) : troubles du sommeil, anxiété, dépression voire agressivité (pensons aussi, à l’exrême, au drame indicible des femmes battues, où le « problème » sanitare, puis criminel - les deux n’étant pas toujours liés, bien sûr ! - naît de profondes « problématiques » - autre euphémisme – de caractère social et moral.
Bref, même sans aller dans ce cas de figure, qui mériterait un article à part (racines du machisme), notre santé mentale a été mise à rude épreuve.

Plus précisément, d’après Santé publique France, nous étions 30% à souffrir d’anxiété pendant le confinement, contre 14% en temps normal. La proportion a donc plus que doublé.
Au fil du temps, les symptômes se sont estompés, sans pour autant pouvoir retrouver notre état initial. La prise de psychotropes, quant à elle, a grimpé et n’est jamais redéscendue… même plusieurs semaines après la fin du confinement ! Le taux de personnes consommant des médicaments psychotropes a augmenté de 3,4 points c’est à dire de 2 millions d’individus…

Attention danger de dépendance psychique et physique… Le Dr Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, prévient : «  Souvent, plus l’effet de soulagement d’un médicament de ce genre est rapide, plus le risque d’addiction est fort. » Il faut être d’autant plus vigilant et sage lorsque l’on prend conscience que les patients sont tentés d’allonger leur traitement et d’augmenter les doses pour retrouver cette sensation de bien-être immédiat.

A-t-on encore besoin de rappeler l’avertissement de la Haute Autorité de Santé à ce propos ? « l’exposition prolongée aux benzodiazépines est la porte ouverte à à un risque de dépendance psychique et physique. »
Ajoutons le résultats de nombreuses études : les personnes consommant des benzodiazépines pendant plus de trois mois (voire moins selon âge), présentent environ 50 % de risques de développer une maladie d’Alzheimer que ceux qui n’ont pas recours à ces "solutions miracle". Même s’il n’y a pas de lien de causalité directe entre Alzheimer et benzodiazépines – comme précisé par le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialiste du sommeil – les effets indésirables avérés de ces médicaments constituent déjà « de bonnes raisons d’être prudents , toujours selon "60 millions de consommateurs", magazine de référence pour cet article.

Notre mot de la fin sera dédié aux personnes souffrant réellement de troubles psychotiques, toute pathologie confondue. Car moult article mettant en garde sur les contre-indications médicamenteuses ou effets secondaires ne le disent pas assez : à notre humble avis, même si à eux seuls, les psychotropes ne garantissent pas de guérison complète, ils restent les premiers et les meilleurs alliés au sein d'un traitement ciblé conçu pour une pathologie mentale. Les autres ingrédients pour la stabilisation contiennent tous une forte dose d'affection, à manifester comme il vous plaira, mais fortement marquée ou adaptée à une hypersensibilité.
En présence de ces adultes (de ces adolescents ou de ces enfants) au grand cœur, qui rechignent - un sur deux selon statistiques - à prendre des médicaments leur rappelant régulièrement un handicap particulièrement difficile à admettre (par delà toute, indispensable, prise de conscience), évitez de dénigrer les médicaments de manière générale (sur ce point, nous allons un peu à contre-courant de notre article, bien que nous ayons pris soin de respecter la nuance).

Il faut que vos enfants, vos proches ou amis, éventuellement dans cette situation, puissent comprendre que, dans leur cas, le ou les médicaments pris régulièrement (et de manière autonome) dans le cadre d'un traitement, ne sont pas optionnels. Plus ils seront en mesure de saisir tous les bénéfices des comprimés prescrits, et de les "adopter", plus leur nombre pourra éventuellement diminuer progressivement, comme on sait. La prise quotidienne ne sera plus qu'un automatisme qui, paradoxalement mais sûrement, leur redonnera calme, confiance et plus de liberté. S'ouvrir sainement aux autres et au monde, d'une manière ou d'une autre, sera alors possible et se présentera comme un vrai rempart contre la morosité la plus profonde ou la plus justifiée... Voilà qui paraît bien plus appréciable qu'un risque de nouvelle décompensation (ou qu'une "rechute" tout court), souvent plus sérieuse encore que la précédente, et lourde de conséquences.

Notre conclusion à ces données et réflexions est (trop ?) simple... en se voulant claire : en tant que consommateurs avertis (et d'abord citoyens vigilants) prêtons attention à certains médicaments (et substancesou composants) en particulier, sans pour autant tout incriminer (génériques en tête). Évitons l'abus d'antidépresseurs ou d'anxyolitiques (psychotropes)... mais, en cas de réel diagnostic, en tant que remèdes fondamentaux n'excluant pas d'autres soins aussi subjectifs que nécessaires, faisons confiance1 par principe à ces médicaments ou associations médicamenteuses (à adapter, réguler et stabiliser) à destination des personnes qui en ont réellement besoin et qui peuvent - tout aussi réellement en respectant prises et doses - aller de mieux en mieux...
 

1. Naturellement, faire confiance n'exclut jamais une bonne dose d'esprit critique et d'attention, et le monde de la santé est allé globalement en ce sens, avec un patient averti (le "patient acteur" mais aussi, d'abord, auteur de sa santé, qui se documente et se responsabilise, selon la notion d'"empowerment" ; patient que son médecin regarde davantage comme un partenaire de soin). D'autre part - beaucoup le pensent, peu le disent, peut-être - dans tous les domaines, l'excès de fausse liberté (liberté de s'exprimer et de porter des jugements sur ce que l'on ne connaît pas / pas suffisamment) se traduit par une critique systématique, pouvant viser aussi des institutions compétentes. Une "critique à tout prix" inconcluante et souvent bien destructive (le cas spécifique et délicat de la santé mentale l'illustre bien)... Dans une société beaucoup plus complexe et fondée sur les apparences (l'écrivain Italo Calvino l'avait bien compris), il devient certes de moins en moins aisé de comprendre où pouvoir diriger sa confiance (bureaucratie, certains médias...). Mais la "superstition", les suppositions et idées non vérifiées ou les jugements hâtifs et non fondés ne sauraient remplacer la solidité de certains champs d'action ou de disciplines comme la science, la biologie ou la pharmacologie (par delà leurs divergeances). Disciplines anciennes ou plus récentes, précieuses pour la recherche en santé (et contre la maladie, pour tout ce qui "dépend de nous" et souvent pour ce qui semble invincible...).
 


Medicaments comprimes



Et maintenant, pour vous remercier de nous avoir suivis jusqu'au bout (même après cette dernière photo...), deux petits plus : une courte bibliographie (publications qui nous ont paru intéressantes, en sus du guide indiqué), ainsi qu'un cahier pédagogique déniché sur le net (lien ci-dessous, sempre in rosso). Des infos utiles en matière de médicaments, et présentées de manière agréable. Ce qui devrait vous donner envie de retenir certains éléments mais aussi, peut-être, de partager à votre tour ce que vous jugerez plus important... y compris, éventuellement, concernant cet article "Culture & Santé", né de la lecture de "60 millions de consommateurs" et de notre intérêt pour la question, qui est aussi le vôtre ;)
Dans l'immédiat, après les bibli-indications ci-après, bonne découverte pdf de votre cahier guide sur les médicaments. Comme nous, essayez de bien prendre le temps - ou les temps - de la lecture, et aussi parfois de filtrer l'info, du mieux que vous le pouvez (quelle richesse en la matière...). Notre santé "le vaut bien" !


- Le "Guide pratique des médicaments génériques" de Denis Stora, aux Éditions Odile Jacob.

- Un autre guide, actuel et pour toute la famille, incluant nos médicaments génériques. Auteurs : les Dr Peytavin et Guidon.

- Plus abordable, "Les médicaments en 100 questions" du Professeur François Chast présente aussi un caractère historique. Il se développe à partir de questions simples et traite aussi de la question de l'homéopathie.

- en lien avec un passage de notre réflexion, voir ce que l'on pourrait intituler "Nous et nos notices...". Certes, l'exhaustivité de la plupart des notices, bien que souvent alarmante, ne peut en elle-même être pointée du doigt, bien au contraire. Mais il suffirait peut-être de mentionner davantage le simple respect des doses (et l'éventuel rapide recours à son médecin) pour qu'un sixième des lecteurs de notices environ (étude de 2015, cf. lien) ne prenne plus la décision d'arrêter un traitement indispensable ou fortement préconisé. Il nous semble que la question de la liberté de choix individuel (du traitement), dont les enjeux sont le bien et l'équilibre de la personne concernée (et de ses proches !) soit un vrai sujet à méditer, au regard du degré d'efficacité du traitement établi (ou à établir) et de la pertinence d'éventuelles alternatives, et compte tenu surtout du type de pathologie en question.


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