Un métier sérieux - T. Lilti


UN MÉTIER (TRÈS !) SÉRIEUX

 

 

[Aïe, une autre critique extra large !]. Un métier sérieux. Et un film tout aussi sérieux, servi par des acteurs tels que Vincent Lacoste, François Cluzet, Adèle Exarchopoulos, Louise Bourgoin, William Lebghil... Des professeurs et un contexte qui sonnent juste. Notre humble expérience du métier, ainsi que les éloges que nous avons tissé sur le film (et la série) "Hippocrate", de ce même metteur en scène (nous avions beaucoup apprécié aussi "Médecin de campagne"), nous ont vite poussés vers la salle obscure. Où Thomas Lilti, qui compte des enseignants parmi les membres de sa famille (dixit le générique de fin), éclaire parfaitement les spectateurs sur le côté, aussi sérieux que bien pénible (grandes satisfactions à part... écrasées par lourdeur et injustices du reste !), du métier d'enseignant (par nature, l'un des plus beaux métiers du monde, pouvant vite se révéler infernal de par ses conditions concrètes, malgré efforts et passion)?

Nous sommes donc pleinement d'accord avec les cinéchroniqueurs de France Inter, que nous rejoignons en particulier sur un point : les films français sur l'enseignement comprenaient tous, jusqu'ici, une petite ou moyenne revanche sur un professeur (une revanche du metteur en scène). Mais là non, l'on voit et l'on sent que Lilti prend clairement le parti des profs et de leur métier vocation (ce qui n'enlève pas la prise de conscience de leurs propres éventuelles erreurs, avec clairs regrets) ; vocation qui, dans les circonstances actuelles d'exercice, vire facilement au "pétage de plombs". En y repensant et en voulant être précis, voici un film qui échappe à la remarque initiale de France Inter : il s'agit (mais pas assez de médiatisation pour ce film...) de "La journée de la jupe", de Jean-Paul Lilienfeld, avec Isabelle Adjani et Denis Podalydès. Qui non seulement sort du lot, mais a le courage de taper encore plus fort là où ça fait très mal. Mais la comparaison s'arrête là, et on n'insistera pas sur ce point car on touche ici aussi à la question du genre, qui était très dramatique (mais non moins réelle dans nombre de cas !) chez Lilienfeld.

En d'autres mots, on a bien envie de remercier Thomas Lilti pour un certain nombre de scènes, mais (s'il est possible d'exprimer l'intégralité de nos observations-vérifications) on a l'impression que dans les Bonus du futur DVD (à se procurer impérativement...), on trouvera, en bonne place, des scènes coupées. Explications... Lorsque la si émouvante professeur de SVT, Louise Bourgoin, finit par enfreindre le règlement (et le bon sens) "pour survivre" à un énième refus d'obtempérer (refus en force!), il nous manque une bonne suite des évènements, même simplement esquissée ou schématique. La séquence aurait-elle été amputée, y compris, peut-être, car nous approchons ici de la fin ?

Nous aurions encore un certain nombre de choses à dire, même si nous confirmons tous nos bravos (ou nos quatre à cinq étoiles !). Disons d'abord que le conseil de discipline se déroule de manière presque idyllique, par rapport à ce qu'il se passe généralement "pour de vrai". On vous laisse découvrir... ou y repenser.