La Petite Sirène - Rob Marshall

UNE SIRÈNE QUI A TOUT D'UNE GRANDE !

 

 

Pour le plaisir, cliquez aussi sur la version italienne

...et anglaise ! Sourire

 

"The Little Mermaid" a tout d'une grande, c'est à dire d'une grande sirène et, en général, d'un grand film, digne d'un bien aimé Disney, classique ou plus moderne, dessin animé et live action confondus, avec leurs différences. La protagoniste, Ariel (Halle Bailey) dont le personnage dessiné date de 89, n'a que seize ans et son teint hâlé - qui, hélas, n'a pas manqué de faire beaucoup de vagues au pays de la fraternité... - ne l'a surtout pas empêchée de se mettre dans la peau (et les écailles) d'une adorable petite sirène. Ni de quitter sa queue de poisson aussi scintillante que numérique (quel effet !) pour se transformer enfin en femme en chair et en os, venant à bout de sa téméraire aventure ou de son pacte avec une sorcière plus vraie que nature (Melissa McCarthy prend les formes d'Ursula), dont le jeu et la "danse" lui ont valu d'être en permanence suspendue à des cordages...

Nous aussi, comme bon nombre d'entre vous, avons amplement apprécié ce dernier Disney, correspondant à "Den Lille Havfrue" en Danois, et aussi joliment à "La Petite Ondine", dont l'histoire est fidèle à celle du conte de Hans Christian Andersen, paru le 7 avril 1837. À "Culture & Santé", nous avons savouré ce merveilleux conte sous tous ses aspects. À commencer par le fait que le prince Éric (Jonah Hauer-King) chante enfin lui aussi - il ne le faisait pas dans sa version cartoon - après avoir été fatalement frappé par la mélodieuse voix de cette figure mystérieuse et éblouissante qui l'a sauvé du naufrage. Le "Sorrisi e Canzoni TV" italien nous apprend d'ailleurs que sauver de la noyade correspond à la scène la plus difficile aux yeux de Miss Bailey-La Sirenetta, devant soutenir et entraîner Éric. À cause du poids des bottes du prince, particulièrement trempées...

Nous apprenons aussi avec plaisir que les voix parlée et chantée du crabe Sébastien, chef d'orchestre et fripon, est celle de Mahmood, gagnant du festival de Sanremo 2019 avec "Soldi". Mahmood qui effectivement a une voix très adaptée tout en étant aussi adepte des plages de Sardaigne, entre Nuoro et Sassari, judicieusement choisies (soulignons-le aussi avec la magie d'un lien) pour camper parfaitement une île imaginaire des Caraïbes en 1830 (autre lien italien spécial Mahmood !). À noter : le rocher sur lequel se pose notre belle sirène aurait été fabriqué de toutes pièces et installé dans le décor avant même que la troupe se présente au tournage, sur ces lieux enchanteurs :)

Rob Marshall qui, entre autres, avait déjà réussi la suite de "Mary Poppins", déjà commentée dans nos pages, tient encore une fois son pari. Et cela sonne d'autant plus magique que la vague du Covid est passée par là, en arrêtant un temps le tournage en 2020 (pour reprendre un an après). Pour nous, c'est un film de valeur et de valeurs (exactement comme tous les autres Disney, ou presque !). Mais nous ne nous y habituons pas trop ! Ne jouons pas les "enfants" gâtés ! Sachons reconnaître, y compris et surtout lorsque notre enfance est loin derrière nous (une âme d'enfant se doit de ne jamais disparaître tout à fait !) toutes les qualités de ce type de long-métrage, de ce genre toujours passionnant, et de ce film en particulier.
 


Sirenetta


Quelle(s) morale(s) ? Comme toujours, croire en ses rêves, mais ceci garde toute son importance.... en contexte très difficile, donc sans se bercer d'illusions si ce n'est avec attention, curiosité et persévérence, pour venir peut-être à bout de l'illusion, justement, et des préjugés totalisants sur l'humanité. Ce qui n'empêchera pas le bon spectateur de faire un mea culpa aussi au nom de tous ces hommes qui (euphémisme !) ne respectent ni mers ni océans, ni cette nature au sens large et maternel, qui souvent nous protège et nous entoure d'une incroyable beauté. Le message est aussi de croire à ses racines, à son monde, à son univers (la grande famille de l'océan, qui accepte enfin ce surprenant dénouement amoureux, est filmée avec beaucoup de goût) tout en sachant que les différences se concilient par l'amour (et le pacte diabolique avec Ursula n'en sera que plus vidé de son "sens"). Car derrière les espèces il y a surtout des individus... Le film invite aussi à garder le sens des réalités/à évaluer les "compromis" en obtenant (à prix fort !) bien mieux que des pieds sur terre : "de nouvelles jambes sur terre". Pour cela, Ariel devra renoncer à sa voix mais "une intrigue intrigante" à point, simple et complexe à la fois, lui permettra de récupérer ses sonorités si suaves et hors du commun. En bref, Ariel perd temporairement sa voix mais en réalité son charme reste et opère, par une autre voie... celle de ses grands yeux, de son sourire et de sa grande douceur. Et, pour le dire autrement, elle retrouvera sa voie tout court (dont voix) à la surface, aux côtés d'Eric, le prince, un prince simple, intelligent et attentionné, surtout dans un récit imaginaire...

Pour récapituler, nous avons eu droit à de très belles pauses musicales, à du spectacle (couleurs et caractères du marché, furie des mers, découvertes et inventions des humains, époustouflante lumière et variété des fonds marins), à la sympathique tendresse des gentils compagnons d'Ariel (à part Sébastien le crabe, ex-homard et bras droit du roi Triton, nous pensons surtout au petit poisson et meilleur ami Polochon, et au goéland aussi excentrique qu'attachant, Eureka, à la voix française particulièrement bien choisie). Ajoutons encore le jeu des acteurs unanimement partagé, des dialogues parfaitement cousus, un rythme assuré à merveille... Quoi de mieux que ce travail passionnément colossal et que ce big cocktail pour se dépayser avec intelligence, poésie et délicatesse ?