L' EUROPE DES VALEURS

...promue par David M. Sassoli

 

Sassoli ok


La récente disparition du Président du Parlement européen, le 11 janvier dernier («È un giorno triste per l'Europa»...) a laissé un grand vide - et une profonde tristesse - dans le monde politique et de l'information (voir aussi notre lien "Images et citation"). En 2015, il traçait le bilan de sa première année en Europe. Des mots très actuels, sur lesquels réfléchir plus que jamais aujourd'hui... 

 

 

« Cela a été une année compliquée, mais l'UE existe bien. Elle est en train de se réapproprier un certain nombre de valeurs, y compris grâce à l'initiative de certains pays. Nous avons besoin d'institutions plus solides. Mais pour cela, nous avons surtout besoin de gouvernements et de pays plus disponibles à partager de vraies politiques européennes. La morale, pour ainsi dire, serait que l'Europe peut nous aider à mieux habiter ce monde, car vingt-huit pays isolés en contexte globalisé, ne parviendraient pas à se confronter. Il faut considérer deux questions : la question économique, avec l'occupation et les investissements pour une Europe qui redémarre. Et d'autre part il y a les questions de droit, comme celle de l'immigration : après une année passée à essayer d'empêcher ou limiter la création de murs, de barrières, de nouvelles frontières, nous avons compris que si l'Europe n'affronte pas de concert cette priorité, elle ne pourra qu'aller à sa perte. Nous devons donc nous soucier de la question des droits, ainsi que de celle de l'égalité. Et la réforme fiscale européenne y a toute sa place. Dans une optique progressiste, à toute prestation équivalente doit correspondre un même salaire. Voici un grand pas à franchir. (...) Une Europe qui redécouvre la dignité au travail est proprement une Europe de l'égalité. À différencier d'une Europe conservatrice, pouvant ne pas avoir à cœur ce principe d'égalité, visible dans la réforme fiscale (...). Nos institutions ne sauraient être considérées comme des tours d'ivoire, aliénées et étrangères aux citoyens. Elles doivent au contraire faire en sorte de les intéresser. (...) Quant à l'information, je la trouve parfois excessive et intéressée, ou en proie aux généralisations. Concernant la question de l'immigration, par exemple, il faut oser préciser quels sont les pays n'apportant aucune aide à l'Europe. Les citoyens doivent se faire eux-mêmes une idée sur nos différentes préoccupations, mais sur la base d'informations plus précises et nuancées ».

 

L'engagement de David Sassoli à travers les mots de sa fille, Livia :

« Cher papa, nous voulons nous souvenir de toi avec tes derniers mots, qui sont des mots d'espoir (...). Nous avons vu de nouveaux murs, et parfois nos frontières sont devenues les frontières entre la morale et l'immoral, entre humanité et déshumanité. Des murs érigés contre des personnes qui demandent à être protégéees du froid, de la faim, de la guerre, de la pauvreté. Nous avons lutté aux côtés de ceux qui demandent plus de démocratie et plus de liberté. Aux côtés des femmes, qui demandent plus de droits et de protection. Nous nous sommes battus pour ceux qui veulent voir leur pensée protégée, ainsi que pour ceux qui ne cessent de solliciter une information libre et indépendente. Après des années de cruelle austérité, nous avons enfin réalisé que l'inégalité n'est plus ni tolérable ni acceptable. Que vivre dans la précarité n'a rien d'humain. Que la pauvreté est une réalité qui ne saurait être cachée, mais qui doit être combattue et vaincue. Le devoir des institutions européennes reste celui de protéger les plus faibles, et d'abandonner toute indifférence. C'est notre défi : celui d'un monde nouveau. Un monde qui respecte les personnes, la nature, et croit en une nouvelle économie, qui ne soit pas fondée exclusivement sur le profit de quelques uns, mais sur le bien-être de tout un chacun. Les fêtes de Noël sont la période où jaillit l'espoir. Et l'espoir c'est nous, lorsqu'on ne ferme pas les yeux devant ceux qui sont dans le besoin. Lorsqu'on ne hisse aucun mur à nos frontières, lorsque nous nous battons contre toute forme d'injustice. Meilleurs vœux à nous, et meilleurs vœux à notre espoir. Merci papa, bonne route ».


Sassoli figli giulio e livia


Giulio Sassoli, son fils (extrait) : « Je veux rappeler aussi ta passion pour les gens, pour leur histoire. Tu étais conscient que chaque personne a quelque chose à nous apprendre et que chacune mérite d'être entendue.  Tu étais un homme ambitieux, oui, mais qui n'a jamais cédé aux égoïsmes ni aux subterfuges (...). Un homme qui nous a appris que célébrité et popularité ont du sens seulement quand elles nous permettent de nous rendre utiles. Enfin, tu as été l'homme qui, jusqu'au bout, a prononcé le plus souvent le mot "amour" (...). Ce qui m'a frappé, c'est que jusqu'au bout tu as été capable de ne pas te faire abattre, en nous parlant même d'espoir, jusqu'au dernier souffle. Il ne nous reste plus qu'à poursuivre notre chemin grâce à ce que tu nous as appris. En s'appuyant sur des idées fortes, autant que sur des manières douces. Nous tâcherons d'être curieux et courageux, en pensant à toi et à ton sourire. Bonne continuation, papa, et je t'en prie... sois sage ».