La psychiatrie nutritionnelle
...pour soigner notre mental !



Cerveau humain et alimentation

 

Cette page naît principalement d'un constat : le 28 juin dernier, pour la première fois en France, un séminaire a réuni des experts internationaux autour de la psychiatrie nutritionnelle1. Celle qui, en connaissance de cause, ne craint pas de nous conseiller - aussi - sur le plan de la composition de nos assiettes... pour venir au secours de notre cerveau.

Cette nouveauté peut en étonner plus d'un, mais un tel "concept innovant" comme on dit, - aussi complémentaire que fondamental - se base aujourd'hui sur un certain nombre de preuves, pouvant l'accréditer. Et ceci est encore plus vrai en amont, naturellement. « Nous avons mené différents travaux d'observation qui montrent que les personnes qui suivent un régime alimentaire équilibré de type méditerranéen ont moins de risque de développer des maladies mentales » a exposé le Pr. Jacka. De leur côté, les chercheurs australiens tiennent leurs bons résultats d'études qui répondent aux standards scientifiques, sur des personnes atteintes de dépression modérée à sévère, et résistantes aux thérapies classiques. On parle donc de médecine complémentaire, comme on disait, sans doute dans les cas les moins graves, à première vue. Les situations caractérisés par la résistance médicamenteuse, dont on parle ici, en font pourtant une "médecine" alternative-substitutive...

Mais on peut aller au delà... : « aujourd'hui, nous savons qu'il existe une relation entre une alimentation saine et un cerveau sain, et nous disposons d'éléments solides pour conseiller de bien manger aux personnes souffrant de symptômes dépressifs mais également du trouble du spectre autistique, affirme le Professeur Marion Leboyer, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri Mondor, à Créteil, et directrice de l'association FondaMental.

Ce qui est intéressant, c'est que le régime méditerranéen - ou dieta mediterranea qui, ici il faut le dire, peut donc correspondre à une cuisine à 100% italien(ne) ! - est facile à établir mais aussi peu onéreux. Concrètement (et hors dérèglements intestinaux, bien sûr), il faut consommer chaque jour une bonne quantité de fruits et légumes d'abord, puis des oléagineux (fruits secs, grains de sésame... contenant de l'huile), des produits laitiers, sans oublier de faire usage de l'huile d'olive en elle-même.
Les légumineuses ont la part belle côté protéines (haricots secs, pois chiches...), pour garnir du poisson ou de la viande maigre (une fois par semaine suffit largement pour cette dernière). Pour compléter la série, ils sont toujours les bienvenus : les œufs. Le Pr Leboyer résume et insiste : « Il n'y a pas d'aliments magiques : c'est une approche globale » [globale, certes, et qui s'appuie bien, aussi, sur certains aliments cités, en gardant à l'esprit que tout excès reste à éviter].

C'est le microbiote intestinal qui permet de comprendre l'axe de communication entre nutrition et cerveau. Joël Doré, directeur de recherche pour l'Inraeprécise : « Le lien entre altération du microbiote et troubles mentaux comme l'autisme, la schizophrénie, les troubles bipolaires, la dépression et la maladie d'Alzheimer ne fait plus de doute ».

Le microbiote doit pouvoir secréter correctement le Gaba3. Il s'agit d'un acide aminé véhiculé par le sang qui, au niveau du cerveau, se transforme en sérotonine, l'hormone de la bonne humeur.
L'apport en fibres, à partir des végétaux et des céréales (mais attention, pas les céréales ayant trop de sucres ajoutés), est fondamental. Plus on diversifie l'alimentation, plus les fibres sont variées (celluloses, pectines, xylanes...), et plus on enrichit le microbiote et ses fonctions.

À remarquer également : les oméga 3 du poisson gras, l'huile d'olive et les graines protègent la paroi intestinale, tout comme la glutamine, un acide aminé qui provient des protéines.
À quand des diététiciens dans nos services de psychiatrie ? Ou bien : à quand des psychiatres formés aussi à la nutrition4 ? Cela touche d'abord la "simple" psychologie bien sûr, mais nous avons vu que la psychiatrie et les maux qu'elle soigne sont déjà bien présents dans recherches et résultats. 
Aujourd'hui, l'heure est plutôt à la prévention, mais pas exclusivement. Voilà un soin s'appuyant dejà sur des études solides et qui ne demande qu'à être poursuivi et approfondi, au moins vis-à-vis de tous ceux qui, quel que soit le stade de leur maladie, en constatent déjà de petits ou grands bénéfices.

 

1. Il s'agissait d'un séminaire organisé par la fondation FondaMental, en présence du Professeur Felice Jacka, directrice du "Food and Mood Centre" à l'Université Deakin, à Melbourne, en Australie.
2. L'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.
3. acide gamma-aminobutyrique.
4. Vu sur Google : « What is a nutritional psychiatrist ?  Nutritional psychiatry is the practice of using food and food supplements as alternative treatments for mental health disorders ».

 

Voici enfin une belle vidéo à caractère pédagogique pour ceux qui, avec les psychiatres Christophe André et Guillaume Fond, voudraient prendre leur temps sur le sujet ;)