MA FRANCE À MOI - Benoît Cohen


PÉRIPLE ET SOIF D'INTÉGRATION

 

Bravo surtout à Fanny Ardent (ici la sensualité de sa voix, bien connue, n'a pas gêné notre attention pour le récit) et à Nawid Elham, qui a interprété le réfugié afghan : une bourgeoise parisienne accueille à domicile ce dernier, qui rêve d'intégrer Sciences Po.

Permettez-nous de commencer par le bémol possible... le film pourrait avoir comme premier objectif "caché" la promotion de Sciences Po et de la générosité française (portée par la co-protagoniste France). Mais "Ma France à moi" sent bon la sincérité. Il est porté par une histoire vraie, d'abord relatée dans le roman de Benoît Cohen. Une histoire qui le touche de près.

Il y a de la tendresse, de l'émotion mais aussi de la vérité dans ces relations familiales déchirées (le fils de France se sent dépossédé, trahi), comme dans l'espoir que signifie le véritable accueil. La réalité est là aussi quand tout n'est pas rose. On devine tout le périple et les souffrances de Réza dans des scènes initiales aussi simples que justes. De même, les deux personnages principaux finissent par bien "s'accrocher", tandis que Réza s'accroche d'une autre façon (avec un succès remarquable au bout du tunnel) à son rêve estudiantin, très "french" mais surtout garant d'une belle intégration (comme cela est souligné, il s'agit de passer du statut de réfugié à celui d'étudiant). Et au delà. Car le premier désir de Réza est celui de pouvoir jouer un rôle pour son propre pays, d'utiliser son expérience pour servir la cause de son peuple et des "étrangers" en général. Ainsi, ses yeux qui brillent font oublier grandeur et portée du mot "ministre", qui ici rime avec "ambitieux" dans le bon sens du terme, sur les conseils de France... Volonté et passion le font sortir du lot. Sans oublier toute l'importance de sa famille, là bas...

Et il y a la scène du suspense, celle de l'oral devant un jury étonné, interloqué, ensuite un brin perplexe, puis très attentif, enfin souriant. Car, comme l'explique à la fois simplement et en détail notre réfugié (et par delà les distinctions, pensons à la loi immigration, à la fois très dure et qui met l'accent sur un minimum de maîtrise de la langue française), dans un français très correct (les dispositifs d'apprentissage devant être renforcés), une société qui reçoit doit d'abord savoir donner. Et vice-versa : ce n'est qu'en recevant, en acceptant les différences - et en accueillant les souffrances - que l'on peut donner, que l'on peut restituer à la France la nouvelle richesse de la société.
Tout le monde ne peut pas recevoir un migrant chez soi, certes. Mais là est toute la magie du récit et de la réflexion délicatement posée. Ce n'est qu'un bel exemple qui sert cette "fable-réalité", chacun pouvant agir autrement, à sa façon, mais avec la même force et la même sensibilité. Certains talents et personnalités nous font croire à la diversité... et leurs brillantes ou belles trajectoires, et leurs cœurs, ne peuvent être brisés.

Si "Télérama" n'a attribué une seule étoile sur cinq (!), "l'Obs" en a octroyé trois et la note de "Femme actuelle" et de "Ouest France" monte à quatre étoiles, note qui est aussi la nôtre ;)

Mais pour comprendre encore mieux notre long-métrage (et, pour une fois, tant pis pour toutes les publicités en lien externe...) il vous faut faire un détour sur le site d'AlloCiné et sur ce lien en particulier, qui met aussi en lumière le contexte de cette belle histoire vraie. Bonne lecture et bon film !