DAAAAAALÍ ! - Quentin Dupieux

 

FOOOOOOLIE !

 

Dali portrait


Et voici, chers lecteurs, le compte rendu de nos impressions, sur ce film plus surréaliste que jamais. À ce qu'il paraît (lectures web, et l'on fait confiance à ces passionés... nous espérons en faire partie aussi, pour les films qui nous plaisent surtout !), le réalisateur Quentin Dupieux adopte volontiers le style de Luis Buñuel et en soi, au vu du sujet du film, ceci est bien compréhensible et bienvenu, mais...

Nous avons trouvé que... le premier quart d'heure (!) a été assez divertissant ou jouissif (choisissez votre adjectif), nous avons trouvé également que la première apparition de Dalì-Edourad Baer  - l'acteur quin de loin, incarne le mieux le protagoniste d'après nous - est teintée d'une scène-coup de génie, puisque son Dalì arpente les couloirs du grand hôtel de manière presque illimitée : son cheminement est bien long lorsqu'il s'agit de rejoindre son intervieweuse, très rationnelle, ancienne boulangère puis pharmacienne, un peu maladroite mais charmante (Anaïs Demoustiers), qui rêve de mettre sur pied un vrai documentaire sur l'artiste.

Coulisses et obstacles derrière cette réalisation sont très bien exposés... et tournent autour du plus grand défaut de ce surprenant et déjanté "multi-Dalí" (pour nous, cette polydistribution sur le célèbre Salvador a été assez déroutante) : la mégalomanie, souvent associée - et c'est le cas ici - à une certaine brutalité, accompagnée de "maladresse", pour ne pas dire de vulgarité, à l'encontre des femmes convoitées... Pensez aussi au grand Pablo Picasso si vous voulez, auteur de maux encore plus importants. Vous finirez par parvenir à la grande interrogation. Doit-on juger et retenir l'homme ou l'artiste (question se posant pour toutes les formes d'art) ? En tout les cas - et même si pour nous la réponse est claire quand on veut placer simplicité, tendresse et équilibre avant toute chose... - c'est souvent la gloire, le pouvoir et l'argent (oui, à la base, l'argent et le luxe) qui transfigurent et transforment. Et qui font qu'un artiste - mis à part certains de ses tableaux et symboles toujours appréciables ou très remarquables pour eux-mêmes - est difficilement qualifiable comme tel. 

Allons plus loin : un vrai artiste respire la modestie ou du moins une certaine modestie, connaît le juste milieu ("bon" là on sait qu'il y a une marge pratique d'excès qui au contraire caractérise les artistes, mais tout a des limites !) et son œuvre rappelle ponctuellement, avec autant de sincérité que de délicatesse, sa propre vie et son âme (d'artiste !). Maintenant que nous saisissons ce que cette technique cinématographique très hybride signifie (un semblant de biopic volontiers cocasse), nous pouvons tranquillement nous attendre à d'autres longs portraits de ce type... Rire c'est bien, mais réfléchir aussi, sans se perdre. Et, comme certains parmi vous, nous regrettons qu'à côté de bonne idées et de trouvailles, le scénario soit plutôt faible et répétitif. Ce qui a pourtant le "mérite" de donner à voir la "présomption dalienne" dans toute sa gênante splendeur. Parallèlement, en voulant en revanche tenter de respecter cet angle de vue très particulier, on aurait pu peut-être miser sur l'intervention d'une voix off, aux propos plus éclairants et consistants. C'était notre idée... et la vôtre ?


The persistence of memory 1931"La persistance de la Mémoire" (1931)
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