COUP DE CHANCE - Woody Allen

 

(UN AUTRE) COUP DE GÉNIE

 

Le coup de pinceau de Woody Allen - c'est ainsi que nous souhaitons définir les sublimes cadrages et paysages de notre metteur en scène de génie - est aussi, assurément, un "coup de chance" pour nous qui suivons paroles et péripéties de personnages plus qu'attachants (adjuvants compris, opposants tout à fait à part !). "Woody" nous confirme, une fois encore, son grand talent, son sens de l'observation (de tout, et du beau) et sa sensibilité aigüe. Notre film préféré reste le magique, mystérieux et passionné "Minuit à Paris" ou plutôt "Midnight in Paris", à nos yeux suivi de très près par ce dernier (en passant surtout par son film hommage à Rome avec lequel, nous l'avouons, nous sommes restés sur notre faim - y compris... malgré ? (aussi) à cause de ? la participation de Roberto Benigni... - appréciant toutefois ses très bonnes intentions). 

Ici nous sommes face à un prolongement de son si bel hommage à Paris, majesté et délicatesse des mélèzes et de leur couleur automnale aidant. Exit les personnages-apparitions aussi troublants que captivants, mais un décor, extérieur et intérieur, bien réel qui n'empêche pas le plus doux romantisme, dans un esprit à la hauteur de retrouvailles surprenantes et touchantes. Esprit porté par le souvenir unique des années lycée. Le début du film part jouyeusement sur ce type de rencontre, pour nous transporter d'abord, avec grande empathie bien sûr, dans la vie de la protagoniste Fanny (Lou de Laâge). Convenablement et imperceptiblement soumise à son mari "de haut rang", la jeune (et très jolie) femme ne peut refuser le bol d'air soudain que représente ce camarade encore amoureux transi, qui ne rêve plus que de la revoir et de renouer, par delà sa situation.

Tandis que, derrière le drame - aux allures ponctuelles de comédie - le film policier (et même thriller !) commmence à se dessiner, au moins deux perspectives sont tracées (en sus de celles du personnage principal, puis de celle de sa mère, brillamment incarnée par Valérie Lemercier). On s'attache en effet de plus en plus à Alain, le camarade retrouvé (Niels Schneider), si souriant, gentil et même écrivain, philosophe à point dans sa mansarde bien typée... Et l'on s'éloigne à grands pas du mari chasseur (au sens premier surtout) qui, maniéré à souhait, feint des comportements "bon chic bon genre" et qui, surtout, sera capable du pire. Mais, en conclusion, lorsque, hélas, le plus grand mal sera fait, c'était sans compter avec un véritable, si l'on puis dire, "coup de chance" qui surprend à demi le spectateur via une réalisation parfaite...

Allen fustige donc une partie de la haute bourgeoisie, et cela donne des frissons, par delà le plaisir que l'on garde, toujours, face à la qualité de jeu de ses acteurs, si bien choisis et si sagement dirigés. Au regard du style (et des contenus !) sans pareil de Woody Allen, on attend avec impatience le DVD correspodant, avec ses bonus ! L'on ne peut que remercier pour ce coup de génie ou coup de maître. Une certitude : la totalité de ses films, tous ses dialogues qui se mêlent à l'action en dominant finement ses long-métrages, sont à voir, à écouter et à apprécier, pour ce qu'ils savent décrire et offrir dans le chaos de notre monde. Then, we're looking forward to the next one !