Langage et communication

...en temps de guerre

 
Bien sûr, nous ne sommes pas "en guerre directement", mais l'Ukraine assiégée, en sang, en larmes et en fuite nous concerne de près. Comme devrait nous concerner toute guerre et ses terribles conséquences, normalement !... Et nos politiques se mesurent aujourd'hui avec force, union et détermination (aides militaires sur lesquelles l'on essaiera de revenir, sanctions inédites), ainsi qu'avec prudence et attention, à tous les risques et (grands) périls en ce sens. Tout particulièrement après explosion de la centrale nucléaire la plus importante d'Europe. Un VRAI cauchemar. Et le président ukrainien Zelensky, toujours en réel danger de mort, tout comme son épouse - nous y reviendrons également - a démontré un sang froid et une communication admirables, via des appels à l'aide et des constats qui nous marquent tous... mais ne suscitent pas toujours les réponses attendues de la part de l'Europe (à méditer pour parvenir à agir efficacement, en respectant la délicatesse de la situation).
Dans un prolongement évident avec nos derniers extras, dédiés à l'importance du langage et de ses conditionnements, arrêtons-nous ici sur son sens et sa valeur stratégique ou sincère dans un contexte déterminé ou, si vous préférez, à la lumière de notre si douloureuse actualité.

Il y a quelques jours, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance a souhaité, à un moment précis, jouer la carte de la vérité et de la sincérité... au sens figuré. Tout en voulant suggérer en partie la force langagière d'un sens propre, le ministre a déclaré que, suite à l'ampleur de ces attaques quasi inattendues, notre réponse ne peut qu'être une "guerre" également, économique d'abord, avec la Russie. Ce qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd : en retour, le sens figuré ne semble pas être intégré, au pays où l'on ne fait pas dans la nuance. Et où l'on ne prévoit pas nécessairement que l'autre partie puisse manifester, ne serait-ce que par des mots-réaction, quelque humaine indignation, face au bombardement ciblé d'hôpitaux pédiatriques, par exemple. On vous laisse aller rechercher par vous même, éventuellement, la réaction formelle et (nécessairement...) teintée de diplomatie de Bruno Le Maire. Voyez-vous autant d'efforts ou d'apparences diplomatiques sur l'autre rive, toujours au niveau de ces "dialogues et échanges" politiques, parallèles aux bombes et exactions ?!  Des discussions ou des "discussions" difficiles ou non abouties (en sus, parfois, d'étonnantes ou déconcertantes poignées de main), dont nous autres citoyens prenons davantage connaissance, même si "l'on ne nous dit pas tout" comme le répète une certaine dame de l'humour ! Et, à propos de medias, l'on ne rappellera jamais assez que, du côté de l'agresseur - toujours encerclé par ses fantômes nazis... (!!) - ceux-ci sont promptement fermés et anéantis, réseaux sociaux compris, dans ce que ces derniers peuvent avoir, aussi, de précieux ou de libérateur, dans un pays en détresse.

Pour revenir précisément à la communication entre hommes politiques, lorsqu'ils n'ont pas été contraints de communiquer et de "s'entendre" de manière physiquement distante, d'un côté comme de l'autre d'une longue table qui a fait le tour du monde, et qui a dû faire sourire (d'abord) plus d'un jeune téléspectateur se familiarisant avec nos foisonnants journaux télévisés, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont échangé en continu pendant une heure, une heure et demie, voire plus peut-être - à vérfier... - par appel vidéo, ainsi que, pas moins de quatorze fois, paraît-il, à l'ancienne, par voie téléphonique. Quelle patience l'on peut facilement imaginer, là où la règle est bien celle d'avancer avec suffisamment de clarté, tout en évitant, dans ce cas, les mots (ou trop de mots, selon l'humeur) "qui fâchent". "Les mots qui fâchent" aurait pu d'ailleurs être le titre de ces Extras.
Patience, disait-on. Patience aussi de part et d'autre de la longue table de 6 mètres, pour d'autres raisons. Ci-dessous, nous sommes le 7 février, et Emmanuel Macron essaye d'éviter l'escalade... Pour plus de détails (à découvrir ou à réviser) sur la raison d'une table géante, digne de l'une des scènes centrales de "La belle et la Bête", et même sur le fabricant de meubles concerné - "It." ou "ES.", auquel on se dissocie, par delà la table elle-même, niveau fierté -, on peut cliquer sur la photo ci-après... Pour résumer si l'on veut, voici donc le résultat quand on refuse se donner son ADN...

 


Table longue poutine macron


À propos de la nature de ces communications, nous avons lu attentivement ce récent article de France Info. Qui ne manque pas de rappeler, pour les rencontres de visu surtout, comme pour une nécessaire assistance-conseil au cours d'appels téléphoniques tout aussi nécessaires, la présence auprès de Macron d'une "garde rapprochée", dont nous faisons précisément connaissance dans les lignes France Info indiquées (au sein desquelles, par ailleurs, un lien d'approfondissement est prévu sur les "couloirs humanitaires").
Pour conclure ces "extras/infos", l'on peut ajouter ce que nous avions - et aviez aussi, peut-être - déjà remarqué à propos du langage utilisé par notre Président - à désigner également ainsi, par delà son nom, "à l'italienne"... - pour qualifier, de manière générale, l'attitude "glaciale et déterminée" (pour reprendre les mots de l'article en lien) de Poutine. L'adjectif qui revient fréquemment, y compris, si nos souvenirs sont bons, de la part de son entourage à l'Elysée, est celui de "cynique". La définition exacte de cet adjectif vous aurait-elle parfois échappé ? Un peu dans l'esprit... du "mag" mensuel junior (et plus...) de français et de littérature "Virgule", amoureux, entre autres, du sens des mots, ou bien, dans l'immédiat, à l'aide de "Lintern@ute", par exemple, c'est le moment de vérifier et de retenir. Avec l'idée de pouvoir et savoir nommer, si besoin et opportun... mais dès que possible, toute "fâcheuse" et indispensable vérité.

 
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...Au sujet de la communication politico-guerrière, vous connaissez déjà, peut-être, cette vidéo flash-back. Au regard de laquelle et à ce jour, Emmanuel Macron peut s'estimer heureux, en bonne partie tout au moins. Manière de dire si l'on veut, face à son investissement pour dégager et maintenir avec son homologue russe un espace de "communication" qui, sans surprise, se révèle sur le fond  - et dans la forme, table de six mètres aidant ?  - laborieux et pénible (comme montré par notre lien-article France Info). Non-dits, sous-entendus, francs parlers, silences ou tons particuliers, quand il ne s'agit pas de mensonges de poids ou d'abjecte propagande... tout un "art", entre mille guillemets (nourrissant des "systèmes sans foi ni loi", déjà clairement dénoncés), selon celui qui le pratique, en use et en abuse tranquillement, et tout un art que celui de les recevoir, pour y réagir au mieux... avec le maximum d'efficacité. Pour l'heure, l'on ajoute cette micro mise à jour, Emmanuel Macron ne semble pas voir de "solution à court terme", tandis que les attaques s'intensifient (!!). Par delà les schémas de communication et de non communication évoqués, fausse communication que notre ère "d'info-com" connaît mais de manière si tragiquement inédite aujourd'hui, c'est bien évidemment la réalité et l'art de la paix - car la paix et la vérité du langage, indispensable, ne sont rien sans la paix effective - qui nous intéressent et doivent être notre priorité absolue. Une paix qui, parfois "avec diplomatie", inclut certaines vérités comme des vérités certaines, pensées et demandant à être exprimées et confirmées par la parole. Une parole qui, on l'a vu, s'est libérée aujourd'hui, au commencement de l'invasion-aggession : parmi le peuple, y compris russe, et au sein des citoyens de toute l'Europe et au delà, invoquant la paix... Paix et violence "ne font pas bon ménage", et nous avons vu que, entre pacifistes de tout âge et forces de l'ordre russe, elles s'affrontent et s'opposent désormais avec la brutalité de l'arbitraire institutionnel : un véritable scénario de guerre - terme rigoureusement interdit par l'État russe ! -, à mille lieux de toute paix et communication... Pendant que, "en théorie", le printemps approche, mais pas en Ukraine ni dans ses pays voisins, Moldavie en tête (où l'hiver est déjà arrivé ou risque d'arriver, comme cela a été déclaré depuis peu sur nos écrans...) pour nous tous et pour nos élus surtout, il faudra continuer à compter sur l'action, les sanctions, l'espoir ou une vision globalement optimiste, permettant de poursuivre combat et résistance. Et, bien entendu, pour que l'horreur cesse, il faudra - il faut toujours ! - s'employer à la meilleure communication possible, sous quelque forme que ce soit.