> Entretien (retour page d'introduction) avec Denis Langlois, "La politique expliquée aux enfants
"Extras" Culture & Santé, lien d'approfondissement.
Notre invité est bien un militant à... 200 %, voire plus, et à ce propos il faudrait aussi ouvrir une réflexion sur le sens et la portée des mots "révolutionnaire" et de "révolution", notion et réalité repérable parmi ses titres d'ouvrage. On le sait : les titres permettent une synthèse - d'ailleurs largement récupérée, aujourd'hui, par moult acteurs politiques, cf. le livre-programme de l'alors candidat et futur président Emmanuel Macron, Révolution - tandis que la lecture des fiches livres (même condensées) donnent une idée beaucoup plus précise et juste de ce que désigne réellement ce terme pour tel ou tel auteur (en considérant par ailleurs que démarches révolutionnaires et révolutions n'existeraient pas/n'auraient pas existé - avec leurs "chances" mais aussi leurs risques supplémentaires - si les révoltes n'étaient/n'avaient pas été pas suffoquées ou cruellement réprimées... !).
D'autre part, on peut penser que, plus les "injustices" - pour reprendre le vocabulaire (simple et exact) de notre livre référence - sont ressenties comme importantes (tout en l'étant réellement, car trop souvent et à toute échelle, elles sont commodément sous-estimées), plus la réction paraît revétir un caractère révolutionnaire et profondément subjectif. À la hauteur, en somme, des torts et abus subis individuellement ou collectivement. À ce titre, "l'affaire sensible" Alekos Panagoulis, qui touche de très près notre auteur et observateur judiciaire - ne pouvant nullement échanger verbalement avec notre très courageux supplicié ! - nous atteint également au plus haut point, et on ne saurait banaliser cette page noire de l'Histoire, et du droit international bafoué (en particulier, procès totalement militarisé et surveillé), au regard d'autres expériences historiques ou encore plus enfouies, usant de la torture sous toutes ses formes. Affaire, souffrance et sacrifices pour lesquels on se doit naturellement de prendre en compte manques, postures et... impostures (rencontres au sommet) des pays démocratiques... Pays appelés par le peuple grec, littéralement écrasé, à tenter de convaincre les États-Unis... d'abandonner leur soutien au "régime autoritaire" (euphémisme) des colonels, vu comme un rempart face au spectre du communisme. Aucun rempart prévu, par contre, face à la dictature des colonels...
À ce sujet, en lien une très belle interview de Denis Langlois par lepetitjournal.com (édition d'Athènes).
Certes, l'arbitraire et la dureté propres à la condamnation et aux "modalités de traitement" de Panagoulis ne sont pas, en eux-mêmes, des sujets pour enfants (et ne figurent pas dans notre livre de référence, ayant peut-être été suggérés dans "La justice racontée aux enfants")... Mais pour plusieurs raisons, évidentes, y mettre l'accent - comme ici, dans une rubrique qui au fond n'a aucune limite d'âge - et trouver les mots pour faire comprendre de manière adaptée ce que signifie une dictature, est toujours primordial, ne serait-ce que pour compenser une partie de notre Histoire officielle, préférant ne pas affronter tout ce qu'impliquent de telles injustes et atrocités, qui - comme le souligne Denis Langlois sur France Inter (rappel du lien) ont mobilisé toutes les sensibilités politiques dans un élan de résistance exemplaire.
Enfin, il nous semble qu'il n'est jamais trop tôt, ni trop risqué, ni trop hasardeux, d'essayer de faire comprendre aux enfants les limites à ne pas - à ne jamais - franchir. Car ce qui semble d'abord évident à notre sensibilité peut un jour vaciller, dans un contexte fragile ! Les "grandes personnes" ne sont pas toujours des exemples. Qu'ils abusent de leur autorité (normalement, plus que légitime et nécessaire...) ou qu'ils préfèrent "raisonnner" toujours en termes de conflits (confortés par ces théories, plus ou moins fondées mais périlleuses, "à la Hobbes", si l'on ose).
Pourquoi donc hésiter (par manque de temps et d'envie, hélas !...) quand on pourrait au moins conforter, verbalement et simplement, ces perceptions de l'injuste et de l'absurde pouvant être ressenties par nos enfants (les bases de la "morale" étant désormais, paradoxalement, bannies dans un monde non dénué de moralisme et de rhétorique imposées) ?
Et pourquoi ne pas continuer à les aider - y compris par delà un horizon militaire non rêvé, stratégiquement défensif et problématique - dans la construction, aussi spontanée que patiente, d'intéractions apaisées, amicales, respectant la différence ? Des relations à cultiver comme un premier pas vers une philosophie de la paix (évidente face aux horreurs de la guerre), ainsi que vers plus de "justice spirituelle" et de conscience citoyenne vers tout autre type d'injustice et ses conséquences.