ROBERT DESNOS
 


Desnos r portrait

 

Poète français surréaliste, il participe dès 1934 aux mouvements antifascistes. Journaliste en 1940, il est résistant actif dans le réseau "Agir" jusqu'à son arrestation en 1944 et sa déportation au camp de Buchenwald (!!!). À seulement quarante-quatre ans, il meurt du typhus le 8 juin 1945 dans un camp de Tchécoslovaquie...
Ce qui donne particulièrement envie de le (re)découvrir et de partager ses compositions, en commençant peut-être par la finesse de ce poème d'espoir :

 

DEMAIN


Âgé de cent-mille ans, j'aurais encore la force
De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir: neuf est le matin, neuf est le soir.


Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.


Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.

Robert Desnos ("État de veille", 1942)

 

"Demain" de Robert Desnos est un poème qui s'offre à nous dans sa troublante lumière même sans examen particulier, mais dont on se doit de comprendre pleinement sens et richesse, d'autant qu'il contient une part d'implicite, Résistance oblige.
Pour une m
ise en contexte, ainsi qu'une analyse précise et claire, cap sur cosmopolis, blog littéraire que nous recommandons à tous les étudiants et bien au delà !

 

Desnos chapeau

 

Mais aussi : "Le Monde" -  12 juillet 2007


« Né avec le siècle, Robert Desnos était un jeune homme aux yeux immenses et clairs, continuellement cernés et comme agrandis par ses lunettes de myope qui lui conféraient un regard de voyant. Il était à la fois un créateur d'images parmi les plus surprenantes de la poésie de ce temps et, lui qui était aussi un enfant des halles populaires, un témoin du merveilleux le plus prosaïque. (...)

Par vocation comme par nécessité, Desnos exerça toutes sortes de métiers. S'il fut scénariste, chansonnier, mais aussi l'un des premiers à écrire des réclames radiophoniques, il fut avant tout et continûment un journaliste pour la presse comme pour la radio - à l'époque où les médias sollicitaient, plus que des spécialistes, des êtres en quête d'inconnu ».

Cet article nous apprend également que pour Desnos, qui avait une très large culture, le cinéma est « un rêve éveillé » ; et qu'il était devenu l'ami de personnalités de tous horizons, parmi lesquelles Jacques Prévert, Jean Louis Barrault, Darius Milhaud, Arthur Honegger, Garcia Lorca, Pablo Neruda... Trop réfractaire aux dogmes, il ne pouvait se contenter du seul cadre que lui offrait le surréalisme, dont il prend ses distances. En 1929, en pleine montée des autoritarismes, il affirme : « Je me refuse à accepter des mots d'ordre ». Comme signifié par Lagarde et Michard,  ceci ne l'empêchera pas de concevoir le ressort essentiel de la poésie dans la rencontre entre l'insolite et la spontanéité, entre le naturel et le surréel. Ni d'admettre, en termes d'engagement, la nécessité de rétablir le lien entre "la liberté du langage" et "la présence de l'événement".

Lors de sa disparition, son ami et poète surréaliste Paul Éluard, auteur (aussi !) de "Liberté" (lien spécial) et de "Les mots qui font vivre", lui rendra hommage par ces mots : « Jusqu'à la mort Desnos a lutté. Tout au long de ses poèmes, l'idée de liberté court comme un feu terrible (...). La poésie de Desnos, c'est la poésie du courage ». Un courage dicté, justement, par de nobles idées de libération, de liberté mais aussi de justice, horizons d'un monde nouveau... Espoirs et luttes qui, hélas, pendant ces années de résistance, n'ont pas empêché, chez certains, de recourir à la violence la plus impulsive ou la plus sombre. Beaucoup de films historiques, ou de livres - comme "La ragazza di Bube" ou "La ragazza", roman de Carlo Cassola, porté à l'écran par Luigi Comencini - le rappellent, nous donnant à réfléchir, sans occulter toute l'importance (ou, comme on dit, tout l'enjeu) de résister à l'intolérable.

 


Plaque desnos

 

Autre hommage "pas comme les autres" au poète et résistant Robert Desnos ; une lettre aussi intime que partagée, importante et émouvante, de la part de son ami Jacques Prévert. À (faire) connaître, lire, écouter...

Si vous avez aimé ce souvenir, nous vous proposons encore cette présentation pour un poétique tour d'horizon. Et même cette émission France Culture, qui donne la parole à ses amis...

Enfin, pour faire revivre Robert Desnos un peu autrement et avec le même souci de vérité, voici une image-lien très didactique ;)
 


Desnos couverture didactique

Clic sur cette couverture...


 

Desnos petit

L'écolier Robert Desnos