BALADE ARTISTIQUE...

Même sujet et contenus complémentaires dans notre onglet "IT."

 

   RAPHAËL
                   

Putti raffaello
                                                                          

Raffaello autoportrait


Depuis quelque temps, chers amis, nous songions à vous proposer un petit approfondissement, sous forme d'exposé mi-simple mi-singulier, dans le domaine de la peinture. D'autres pourront suivre, et c'est la raison pour laquelle nous avons appelé cette page "balade", en écho à nos balades musicales et poétiques. Des balades artistiques en toute légèreté, quels que soient leurs protagonistes qui, derrière une impression de simplicité, élégante ou raffinée, cachent tout le talent et le travail que l'on connaît.

Raphaël - Raffaello Sanzio (1483-1520) - est l'exemple parfait pour commencer : il y a tout juste un an, on commémorait les cinq cent de sa disparition avec, en particulier, les nombreuses initiatives et visites virtuelles proposées par le musée des Offices de Florence. Autres bonnes raisons de penser d'abord à Raphaël : il s'agit sans aucun doute - et par delà les nécessaires influences d'une culture toujours reconnaissante de son génie - de notre peintre peintre préféré... Tout en sachant, osons le dire, que la péninsule offre plus d'une fois des surprises concernant tel ou tel travail et résultat venant de peintres parfois méconnus ou peu connus... et que l'on devrait s'appliquer avec le plus grand soin à redécouvrir, dans nos contextes où, en fin de compte, les réalités artistiques et l'histoire de l'art passent au second plan par rapport aux préoccupations plus ou moins imposées à la plupart d'entre nous.

Mais revenons donc à Raphaël. Son parcours nous intéresse d'autant plus que nous avons pu le revivre avec une certaine émission qui, tout à son honneur et comme on le sait, popularise ou vulgarise le grand art, au rythme des descriptions aussi enthousiastes qu'exhaustives de Stephane Bern, aussi expert de royauté que passionné d'art et d'histoire. "Secret d'histoire" a donc dédié l'une de ses premières émissions 2021 à "Raphaël : le prodige de la Renaissance". Eh oui, il Rinascimento, cette période bénie pour les arts et le rayonnement de la péninsule, et dont l'aboutissement classique - par delà les merveilles du Trecento de Giotto - va du Quattrocento au Cinquecento (du quinzième au seizième siècle) et qui fascine toujours, aussi, par le nombre de génies qui s'y croisent, et rencontrent...

Difficile de faire des choix pour notre émission de référence (accompagnée de nos sources web et de quelques bons estudiantins souvenirs), car tout est interessantissimo... Mais, comme toujours, une certaine synthèse permet de mieux retenir. Nos balades se concentrent en une page, et nous nous y tiendrons, tout en vous présentant une page un peu plus longue, pour faire place aussi aux peintures illustrant le propos, à côté d'extraits sonores de l'émission, soigneusement choisis pour certains moments clé de le vie et de l'œuvre de l'artiste. On pourra ainsi réécouter, entre autres spécialistes, le conservateur au musée Condé, Mathieu Deldicque, et l'historienne d'art Stefania Tullio Cataldo.

Raphaël, toujours en quête de nouvelles expériences artistiques et à l'affût de nouveautés, se rend à Florence pour pouvoir observer le travail des deux géants de l'époque, Léonard de Vinci et Michel-Ange, conviés en cette période à un vrai face-à-face artistique. Comblé, le jeune Raphaël saura faire siennes aussi leurs sensibilités et leurs techniques, sans renoncer à sa patte personnelle, qui a tôt fait d'être reconnue par les plus hautes sphères du pouvoir ("prodige" renvoie bien à ses précoces et croissantes capacités), après que - selon des dynamiques classiques bien connues - son père Giovanni Santi, à la tête de l'atelier le plus important du Duché d'Urbino (entre les Appenins et la mer Adriatique) ait tout fait pour que son fils puisse entrer pleinement dans les grâces de ses futurs protecteurs (en rédigeant une épopée en l'honneur du Duc Federico de Montefeltro, et en se chargeant en particulier des vingt-huits portraits d'hommes illustres de son cabinet d'études). Conditions de départ aidant, Raphaël doit sa très belle ascension à son talent, son goût, son travail acharné (qui, avec quelques excès amoureux, aurait participé à son décès prématurée, à l'âge de 37 ans) mais aussi à son tempérament doux et calme face, comme souligné, à des modèles comme Michel-Ange ou Léonard. Son tempérament s'accorde avec celui de ce dernier génie universel (qui a fait l'objet, sur Raiuno, d'une remarquable coproduction internationale RAI-FranceTV-RTVE-Sony Pictures E., sur laquelle "C. & S." pourra revenir ; bande-annonce ici rappelée). Au point que le Maestro Da Vinci permettra à Raphaël d'examiner de près son travail sur la Joconde. Imaginez, par ailleurs : l'aura de Raphaël aurait peut-être été encore plus importante, à son époque, s'il avait eu le même âge que les deux autres grands maîtres. Qui sait... En tout cas, aujourd'hui, certains articles très complets, comme celui-ci, affirment justement que Raphaël aurait parfois su dépasser des chefs d'œuvre comme la Joconde. Et c'est peut-être vrai, pour "la Monnalisa" en tout cas. Mais à ce(s) niveau(x), difficile d'en être si certains. Il ne reste donc plus qu'à écouter ses propres préférences personnelles (Michel-Ange et autres modèles), en retenant leurs singularités et toute leur force artistique et, si possible, en laissant de côté, aujourd'hui, toute notion de compétition (saines et nécessaires émulations à part).


Michel-Ange et Léonard
(face à Raphaël)

Michelangelo daniele da volterra        Portrait leonard de vinci

Autre autoportrait de raphael
 

Avant notre deuxième audio-extrait, arrêtons-nous sur la Chambre de la Signature, qui marque le sommet de sa carrière au Vatican, et sur laquelle Raphaël passe douze ans de sa vie... Parmi les fresques qui viennent sublimer ces Stanzel'École d'Athènes (lien vers une belle page blog) est à notre sens (et pas seulement denotre point de vue, il semble... !!), particulièrement remarquable. Comme vous le savez, elle met en scène une vision du monde ultra moderne et plus que devinée, où à la représentation des philosophes de la Grèce antique, dans un espace parfaitement étudié, se superpose l'évocation de ses "collègues" peintres, et des sages de son époque, dont Héraclite au premier plan (illustration de gauche, prenant quelques notes, songeur, en bas des marches d'une partie significative du célèbre tableau ; à droite, un dessin ou carton préparatoire). Le philosophe du mouvement et du devenir, que l'on oppose à Parménide et à ce qui demeure, n'est accompagné d'aucun disciple, pour mieux évoquer, paraît-il, le mysanthrope Michel-Ange... Qui toutefois, remarquons-le, a un aspect parfaitement paisible, sans la moindre allusion aux colères de l'auteur du "David" et du "Jugement Dernier", ayant leur penchant artistique dans la fameuse terribilità. Autre, premier exemple de superposition, tout à droite dans notre aperçu (et central dans ce capolavoro) : Platon indiquant le ciel est, naturellement, une allusion parfaite à Léonard. En outre, Raphaël ne manque pas de se représenter également parmi ces illustres athéniens (cf. dernier mini portrait rond ci-dessus), faisant de lui le seul personnage autorisé à nous regarder, tel un médiateur rapprochant, à sa manière, cette majestueuse et agréable fiction picturale à notre réalité et vérité, qui gagne toujours à se tourner vers l'Antiquité.



Demie ecole d athenes    Raphael croquis ecole athenes ambrosiana milan

 

À présent, il faut assolutamente prendre en compte dans toute leur splendeur et mesure - car mesure et équilibre participent pleinement à leur succès atemporel - la bellezza si particulière de ses Vierges à l'enfant, à découvrir una per una (!), avec la douceur de leurs regards et leurs gestes et postures, entre tradition et surprenante modernité... Être belle comme une madone (de Raphaël) : en français comme en italien, l'expression est des plus justes pour désigner la plus touchante des beautés. Extrait sur la finesse de ces icônes si personelles et universelles ; à la fois raffinées, tendres et empreintes de simplicité. Leur délicatesse se joue entre un classicisme de base et une chrétienneté qui sublime et dépasse la sphère religieuse ; en grande partie grâce à cette impeccable luminosité caractérisant toutes les productions de Raphaël.
 

Les Madones de Raphaël


Raphael la belle jardiniere

"La Belle Jardinière"
ou "La Vierge à l'Enfant avec le petit Saint Jean-Baptiste" 

 

Et c'est avec plaisir que "Culture & Santé" fait à présent un arrêt sur image - et sur parole, avec cet autre extrait -, concernant un portrait de cour, à la fois très réaliste et, encore une fois, sublimé, en particulier grâce au bleu intense de ces yeux doux, contrastant avec les teintes sombres et dominantes. Il s'agit de Baldassarre Castiglione, écrivain, diplomate et auteur du livre du courtisan ("Il libro del cortigiano"), présentant art de vivre et bonnes manières nécessaires à la vie de cour. Rafaël aurait peint à deux reprises son ami - un lien que l'on comprend aisément, au vu des traits de caractère indiqués - et c'est ce portrait qui se trouve aujourd'hui au musée du Louvres.
 


Baldassarre castiglione

Raphaël et son portrait de Baldassarre Castiglione


Eh oui, pour Raphaël - sans doute plus encore que pour beaucoup d'autres artistes - « l'atelier se révèlera d'une incroyable efficacité »... Nous y viendrons en conclusion. Poursuivons en rappelant que la polyvalence caractérise nombre d'artistes en cette période bénie des arts (où, par le mérite, l'artisan peut accéder au statut et à la dignité d'artiste), ainsi qu'une curiosité et une ambition typiquement renaissantes en ces centres urbains privilégiés. En exerçant au mieux ses capacités, il est enfin possible d'incarner de tout son poids (et en toute finesse) cet idéal de l'homme parfaitement accompli dans les arts et, en ce sens tout au moins, affranchi du joug de l'institution ecclésiastique. Dans ce cadre, n'oublions pas que, dans ses dernières années, Raphaël a pu également s'employer à l'architecture. Et quelle architecture !

 

Raphael architecte


C'est précisément à Castiglione qu'il écrira que Dieu lui-même finit par lui confier une tâche particulièrement grandiose et ardue : la participation aux travaux de la Basilique Saint Pierre, avec Giuliano Da Sangallo et Fra Giocondo. En 1514, en effet, un peu plus "humainement" parlant, le pape Léon X le désigne naturellement comme le successeur de Bramante, dont il est le protégé. Raphaël commence par abandonner le projet de nef centré, en croix grecque (à gauche) pour revenir à un plan latin plus classique, de tradition médiévale (qui finalement n'aura pas le dessus, ne résistant pas à la succession d'artistes prenant en charge le jouyau de la papauté).

Dès 1516, Raphaël se trouve seul maître à bord, et ajoute sur ses plans des chapelles absidiales de chaque côté des allées latérales. Un chantier prestigieux pour celui qui, d'autre part, disparu quatre ans après, ne verra malheureusement jamais le résultat final de ses projets. Car pour venir à bout de cette basilique aux dimensions pharaoniques, il faudra pas moins d'un siècle, cinq papes et les plus brillants architectes de l'époque ! Pour synthétiser, on nous pardonnera cette petite digression ("génies", au pluriel, obligent) : ce que nous pouvons apprécier aujourd'hui de Saint Pierre de Rome, et de sa coupole en particulier, est essentiellement le travail Michel-Ange, qui avait déjà 70 ans... (vicedi.com). Pour les plus motivés par le sujet, voici le meilleur "récit" trouvé sur le web des "vicissitudes" liées aux transformations et aux différents architectes de Saint Pierre, Bramante compris. Raphaël, fidèle à son "timbre pictural", avait eu le temps d'imaginer aussi un jeu sophistiqué entre ombres et lumières, en fonction de l'endroit où se trouvait le fidèle... 


Basilique st pierre de rome

 

Notre conclusion portera en quelques mots (nos balades ne doivent pas trop fatiguer !), sur l'environnement de travail d'un maître comme Raphaël, pour mieux imaginer à l'œuvre un artiste hors du commun qui sait observer avec humilité, pour une maîtrise de la perspective et des résultats dynamiques aux contours souples, dépassant volontiers, comme évoqué plus haut, ceux de ses maîtres et modèles. Qu'il s'agisse de sa représentation iconique de la douceur comme dans des tableaux empreints d'une dramatique théatrâlité, tels que sa "Déposition de Croix", inspirée d'une histoire vraie de famille... et rappelant l'autre face d'une période dorée dont les limites (en territoire péninsulaire et bien au delà) coïncident, hélas, avec d'implacables jeux de pouvoir (car il ne faut pas "que" de l'art ni même du très grand art, pourtant si précieux, pour faire une civilisation). Stéphane Bern saura nous expliquer en une petite minute ambiance et charmes de l'atelier de la Renaissance ou de la bottega... tandis que nous vous invitons aussi à la consultation - avec ou sans traduction automatique - de notre version italienne. Pour l'occasion, notre onglet "IT.", n'est ni une simple traduction, ni une reformulation, ni une synthèse. Sur le même sujet, vous trouverez des éléments différents et, bien sûr, quelques parallélismes sur des points essentiels comme les Vierges à l'enfant. Car... chez "Culture & Santé", selon rime, entre nos deux interfaces les frontières s'effacent (et parfois se complètent !).
Dans l'immédiat et pour conclure côté "FR.", bienvenue & benvenuti à l'atelier, où tout est prêt, dove è tutto pronto ;)

 

Secrets d h raphael l atelier

L'atelier de Raphaël : son univers et ses couleurs, dont bleu egyptien...

Couleurs raphael


C'est vrai : comme le rappelle notre animateur-vedette,"fou du roi" comme d'art avec un grand "A", Raphaël était aussi particulièrement attaché aux rovine de l'Antiquité, ruines dont il saisissait toute la beauté et l'importance, pour ses contemporains et pour les futures générations. Comment aurait-il donc réagi s'il avait dû assister à l'ahurissante barbarie du sac de Rome par les troupes et mercenaires de Charles V, seulement six ans après sa disparition !!

Et sur ce, chers lecteurs de tout horizon (!), il est temps de prendre congé de Raphaël, de son existence si dense et brillante autant que de son côté indiscutablement éternel... Non sans oublier de préciser que, le maître d'Urbino étant capable de susciter une "double inspiration", dans l'onglet italien correspondant à cette "balade", vous trouverez un autre itinéraire le concernant ; cette fois, votre "itineario artistico" sera donc en mode vert blanc rouge. S'agissant bien d'une double inspiration "Culture & Santé", attention... : vous ne trouverez ni une simple traduction, ni une reformulation, ni une synthèse de la page que vous venez de consulter. Par delà d'inévitables points de rencontre, il s'agira de nous arrêter ou de soffermarci (fermarsi au sens figuré...) sur d'autres aspects tout aussi fascinants de son travail, à l'aide d'un très bel ouvrage de référence... On vous attend donc dans notre onglet "IT.", dès à présent ou, se preferite, dès qu'il vous sera possible de revenir avec un regard neuf - mais pas trop - sur ce sujet particulier :)
 

 

Qu'ont-ils dit de Raphaël ?

 

   J l david 

« Raphaël homme divin ! C'est toi qui par degré m'éleva jusqu'à l'antique ! C'est toi peintre sublime ! C'est toi parmi les modernes qui est arrivé le plus près de ces inimitables modèles ! ».

Jacques Louis David ("Autobiographie inachevée", 1808)
 


   7 honore de balzac

« Il faut en effet avoir bien expérimenté la vie avant de reconnaître que, suivant un beau mot de Raphaël, comprendre c'est égaler ».

Honoré de Balzac ("Illusions perdues", 1837-1843)
 

Et cette voltairienne certitude, qui nous plaît bien... :

 

  Voltaire
 
« Tant de livres faits sur la peinture par des connaisseurs n'instruiront pas tant un élève que la seule vue d'une tête de Raphaël ».

Voltaire ("Lettres")

Le terme "visage" aurait sans doute été plus adapté, mais l'ambiance était à la révolution...

 

Pour une approche plus complète - et d'autant plus facile à retenir, à présent -, nous vous invitons à regarder la deuxième vidéo, dûment sous-titrée, de notre onglet "IT." correspondant. Synthèse qui, en quatre minutes seulement, offre un parfait tour d'horizon de la vie et de l'œuvre exceptionnelle de Raphaël, qui s'est formé auprès du Pérugin.  Bien entendu, se siete bravi in italiano, vous pouvez également consulter notre itinéraire dans la langue de Dante, au contenu différént, comme indiqué.
Raphaël, ainsi que Raffaello, n'auront (presque) plus de secrets pour vous... !

 

 



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