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Septième balade musicale (BM7)
dédiée à...
FRANCE GALL
(1947 - 2018)
Aucun anniversaire particulier à fêter mais voici une balade musicale différente des autres, c'est à dire de celles où nous passions de chanson en chanson comme de chanteur en chanteur, au gré des envies et selon variété(s). Car nous voulons rendre hommage à une chanteuse qui a marqué son temps, sa génération mais aussi au fond, celle qui a suivi, durablement. Avec France Gall, les belles chansons, aussi remarquables par leurs paroles que par leur composition, sont des morceaux doux ou espiègles (ou les deux) qui résistent aux modes, et que l'on écoutera toujours avec autant de plaisir.
À ceux qui préfèrent Brigitte Bardot osons dire...
adorable France Gall !
Penchons-nous tout d'abord sur quelques précieuses données biographiques. Le saviez-vous, à propos de son célèbre nom ? Pour ne pas interférer avec Isabelle Aubret, alors grande vedette de la même maison de disques Philips, sa direction artistique impose une contrainte à celle qui se prénommait Isabelle Gall : celle de changer de prénom. Ainsi, à la scène Isabelle devient France (Gall) : prénom très probablement choisi par son père en clin d'œil au match de rugby France-Galles de rugby, très médiatisé lors des enregistrements en studio.
Voyons ses débuts d'assez près : France Gall commence le piano à cinq ans, puis la guitare vers onze ans. Ses violons d’Ingres sont la peinture et les jeux de société. Vers l’âge de treize ou quatorze ans, elle fait de la musique avec ses deux frères, les jumeaux Patrice et Philippe. Ensemble, ils fondent un petit orchestre et jouent l'été sur les plages et l'hiver à Paris :)
Notre interprète de talent voit défiler chez ses parents de nombreux artistes comme Hugues Aufray, Marie Laforêt ou Claude Nougaro. Parfois, enfant, elle accompagne son père dans les coulisses de l'Olympia. Notons que ce dernier lui fait même manquer l'école pour l'emmener voir Piaf, Bécaud ou Aznavour en concert à Bruxelles.
Avec des tubes tels que Sacré Charlemagne, France Gall devient le symbole d’une jeunesse gentiment irrévérencieuse À partir de 1965, sa popularité dépasse les frontières, car elle remporte le premier prix en tant que candidate du Luxembourg au Concours Eurovision de la chanson avec le titre Poupée de cire, poupée de son (cf. le commentaire de "jutka" ou traduction, et réponses...). Succès écrit et composé par Serge Gainsbourg, et traduit dans de nombreuses langues. Ce qui lui assure pleine célébrité en Europe comme en Italie - - écoutez Io sì, tu no (irrésistible..!) - et surtout en Allemagne, où elle est très populaire au début des années 1970 (version allemande très charmante aussi ; très belle version espagnole par Juan Ramon ; amusante version japonaise).
En France, par la suite la popularité de France Gall s'estompe, jusqu'à sa rencontre avec l'auteur-compositeur Michel Berger, épousé en 1976. C'est à ses côtés qu'elle retrouve un important succès populaire. Avec lui, elle forme un véritable et attachant "tandem de choc" ! Et enchaîne une série de tubes de 1974 jusqu'au début des années 1990, en interprétant des chansons qu'il compose pour elle, comme La Déclaration d'amour, Si maman si, Il jouait du piano debout (aux paroles si justes et atemporelles / clip retenu emblématique de l'époque), Résiste (écoutez cette swingante version et résistez pour de bon, via ces paroles !), Débranche, Diego libre dans sa tête, Babacar, Ella, elle l'a (percutante et indémodable), Viens, je t'emmène ou Évidemment.
Et, sur le plan privé, comme vous le savez... France Gall et Michel Berger viennent de co-écrire un nouvel album lorsque ce dernier meurt brutalement, en 1992. Plus tard, un autre décès : celui de leur fille Pauline, en 1997, qui lui fera quitter la scène (!!). Par ailleurs, en 2015 et en hommage à Michel Berger, France Gall crée et veille aux représentations de la comédie musicale Résiste. Au total, notre chanteuse à la voix et style éternels compte plus de 20 millions de disques vendus dans le monde. Et s'éteint à soixante-dix ans (hélas, nous nous souvenons bien, tous, de cette terrible nouvelle...). La chanteuse qui a tant donné en termes de voix, grâce et talent est victime d'un cancer, survenu telle une manifestation palpable et tragique des deuils évoqués.
Outre son père et son frère Patrice, notre protagoniste doit ses succès des années 1960 à la plume de grands auteurs et compositeurs français. La liste est longue... parmi eux, l'on distingue Gérard Bourgeois, Jean-Pierre Bourtayre, Vline Buggy, Pierre Cour et Joe Dassin. Si ces personnages donnent à la femme-enfant de la chanson francophone les textes stéréotypés d’une adolescente vue par des adultes, c’est Serge Gainsbourg qui apporte la note insolite en la promouvant « Lolita française » puisqu'elle en a toutes les caractéristiques : jeune, belle, ingénue au visage d'ange. De plus, les orchestrations hautement élaborées du jazzman Alain Goraguer harmonisent et unifient le style de cette jeune chanteuse naviguant entre jazz, chansons enfantines et parfois un peu moins.
Cette période voit sortir, justement, Jazz à gogo (paroles de Robert Gall et musique de Goraguer), ainsi que Mes premières vraies vacances, œuvre du tandem Datin-Vidalin. Mais c'est pendant l'été 1964 que le tandem Gainsbourg-Gall connaît son vrai succès avec le tube Laisse tomber les filles, doublé par Christiansen des duettistes Datin-Vidalin.
Le 20 mars 1965, l'équipe des « 3 G », c'est à dire Gainsbourg-Gall-Goraguer, est à Naples, à la Sala di Concerto della RAI (la salle de concerts des studios napolitains de la télévision italienne) où se tient le Grand Prix Eurovision de la chanson. Alors âgée de 17 ans, France Gall est la plus jeune concurrente de cette édition. Les répétitions de Poupée de cire poupée de son sont interrompues par des incidents entre l'orchestre italien et la délégation luxembourgeoise. Les musiciens n'apprécient guère... l'attitude à leur égard de l'auteur-compositeur de la chanson (à approfondir...). En réaction contre ce dernier, certains musiciens comparent sa partition au bruit d'une cavalcade et d'autres huent la chanteuse. Gainsbourg, furieux, claque la porte des répétitions et menace de retirer sa chanson du concours. Bref, un joli moment !...
Un compromis finit par être trouvé, mais une certaine tension persiste et se reflète dans l'attitude et la prestation de France Gall, déstabilisée par l'incident. Passant en quinzième position sur les dix-huit participants, elle chante en effet d'une voix mal assurée devant plus de 150 millions de téléspectateurs.
Mais parlons succès ! Par delà l'Eurovision justement, Poupée de cire, poupée de son dépasse les frontières européennes et, comme vu et écouté plus haut, France Gall l'enregistre en plusieurs langues. Ce morceau finit par atteindre le top 10 de plusieurs pays : France, Allemagne, Espagne, Norvège, Danemark, Japon, Turquie, Argentine, Chili, Singapour, Autriche, Pays-Bas, Finlande, Suède.... Un succès inédit et amplement mérité pour l'une des premières chansons de l'histoire du concours.
Petit bémolle dans un scénario idyllique : elle confiera par la suite que Claude François, resté en France, lui a annoncé la rupture de leur couple au téléphone juste après l'annonce de sa victoire, ce qui l'aurait déstabilisée alors qu'elle devait retourner sur scène réinterpréter son titre : « Tu as gagné, mais tu m’as perdu. », lui aurait "habilement" lancé le chanteur... Comme si cela ne suffisait pas, juste après avoir remporté le concours, France Gall est giflée dans les coulisses par Kathy Kirby, la représentante du Royaume-Uni, classée deuxième avec la chanson I Belong et persuadée de s'être fait voler la victoire puisque, pourtant, elle était la favorite de cette édition. France Gall éclate en sanglots et... la presse, ignorant la situation, pense qu'il s'agit de larmes de joie. Elle est bouleversée lors de la réinterprétation de la chanson, et n’assiste pas à la conférence de presse du lendemain afin de regagner Paris pour se réconcilier avec Claude François...
À la suite de sa collaboration avec la chanteuse, Serge Gainsbourg rend hommage à France Gall, en 1978, dans l'émission "Numéro un", en confiant à son mari Michel Berger, que « France Gall m'a sauvé carrément la vie, puisque j'étais un marginal. En 1964, N'écoute pas les idoles, en 1965, l'Eurovision avec Poupée de cire, poupée de son et là, les portes se sont ouvertes ». Et d'ajouter : « maintenant, je ne suis plus un marginal, mais c'est toi qui es avec France Gall » (!!).
Que peut-on dire en revanche de sa rencontre avec Michel Berger ? Au printemps 1973 France Gall, au volant de sa petite Austin, roule dans les rues de Paris. Son poste de radio allumé, elle entend, fascinée, la chanson Attends-moi interprétée par notre très regretté (également) Michel Berger (cf. moments Gall-Berger dans la vidéo). À l'occasion de leur rencontre lors d'une émission de radio, elle lui demande s'il peut lui donner son avis à propos des chansons que son producteur voudrait lui faire enregistrer. Bien que Michel Berger soit déconcerté par la pauvreté des chansons proposées à France Gall, il n'est pas question pour lui d'une collaboration entre eux. Ce n'est que six mois plus tard, en 1974, qu'il accepte d'écrire pour elle, après qu'elle a fait une voix sur le titre Mon fils rira du rock'n'roll du nouvel album de Berger (Chansons pour une fan), et après que l'éditeur de Gall le lui a proposé. La chanteuse a déjà décidé : « Ce sera lui ou ce sera personne ». C'est ainsi que naît en 1974 La Déclaration d'amour, premier succès d'une longue liste, et que la carrière de la chanteuse prend un nouvel essor.
À la suite de la mort accidentelle de Daniel Balavoine le 14 janvier 1986, France Gall chante en 1987 le titre Évidemment, naturellement écrit par Berger, en hommage à leur ami disparu. Ce titre figure sur l'album Babacar. Cet album comprend également le titre Ella, elle l'a, hommage à la chanteuse de jazz Ella Fitzgerald. Titre que nous affectionnons tous et qui est resté en tête des ventes durant quatre semaines en Allemagne, devenant le cinquième single le plus vendu cette année-là (et obtenant encore plus de succès qu'en France). (Cf. plus haut ces titres, dont La Déclaration d'amour, en lien musical).
Michel Berger meurt à son tour le 2 août 1992 des suites d'un infarctus, lors de ses vacances en famille dans sa résidence d’été à Ramatuelle. Quelques mois après ce drame, dont elle souffre énormément, France Gall se voit diagnostiquer un cancer du sein, dont elle est opérée avec succès le 22 avril 1993. Elle déclarera par la suite : « À l'annonce de la mort de Michel, j'ai ressenti une douleur dans le ventre, dans le corps, tellement forte, je me suis dit qu'elle devait ressortir d'une manière ou d'une autre. Mon cancer était la concrétisation de mon mal intérieur ».
Marquée par ce tragique événement, elle-même frappée par un cancer du sein puis par le décès de sa fille Pauline, France Gall, malgré ses quelques apparitions sur la scène musicale (Bercy, Pleyel, Olympia), est moins présente dans l'univers médiatique.
De 1995 à sa mort, elle partage sa vie avec Bruck Dawit, ingénieur du son, compositeur et producteur américano-éthiopien qui a collaboré avec Sting, Prince, The Rolling Stones ou Eric Clapton.
En 1965, une émission pour la télévision, réalisée par Jean-Christophe Averty et consacrée aux chansons de France Gall, est distribuée aux États-Unis. Gall est alors pressentie par Walt Disney pour incarner Alice dans une version musicale qu’il souhaite réaliser après avoir déjà fait Alice au pays des merveilles en dessin animé en 1951 et dont il n'est pas satisfait musicalement. C’est le seul projet cinématographique auquel elle répond favorablement, alors qu’elle a toujours demandé à son entourage de « l’empêcher de faire du cinéma ». Disney, déjà gravement malade, meurt le 15 décembre 1966 et son idée disparaît avec lui... mais nous, nous n'avons aucun mal à imaginer France Gall en potentielle Alice des temps modernes !
1966 : Viva Morandi avec Gianni Morandi et Christine Lebail, rôle de « La Grâce » — Téléfilm musical, durée 60 min, noir et blanc — 1re chaîne ORTF
En 2013, le groupe Tropical Family décide de reprendre Il jouait du piano debout.
En 2013, dans son album, Alka Balbir, écrit et composé par Benjamin Biolay, reprend le titre Les Gens bien élevés interprété par France Gall en 1969.
En 2016, le groupe suédois Therion reprend Nous ne sommes pas des anges sur l'EP L'Épave, tirage limité à 1 000 exemplaires (label Alduruna).
En 2016, Mick Harvey, adaptateur - en anglais - de très nombreuses chansons de Gainsbourg, reprend sur son album "Intoxicated Women" : Les sucettes (All Day Suckers), Poupée de cire poupée de son (Puppet of Wax, Puppet of Song) et Dents de lait, Dents de loup (Baby Teeth, Wolfy Teeth). Le résultat est toujours très intéressant. Pour une vision encore plus complète, en complément de notre zoom sur France Gall... : Harvey chante Gainsbourg, en anglais (liste des titres).